Intervention de Patrick Bloche

Réunion du jeudi 1er février 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Patrick Bloche, adjoint à la maire de Paris, ancien député de Paris, ancien président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Je pense en particulier au traitement de l'information. LCI, la plus ancienne chaîne française d'information en continu, BFM TV, France Info et I-Télé assuraient de mon point de vue une représentation pluraliste des grands courants d'opinion, en particulier des courants politiques, même si telle ou telle chaîne pouvait être marquée à gauche ou à droite – si tant est que la distinction existe encore.

J'avais moi-même, en responsabilité, déposé un amendement faisant sauter le verrou empêchant le passage en clair de LCI, qui était à sa création une chaîne payante, ce qui la condamnait au dépérissement. J'ai souvent été interpellé à ce sujet : « Comment avez-vous pu, vous, député socialiste, faire ce cadeau à TF1 ? » Or il ne s'agissait pas d'un cadeau, mais bien d'assurer la survie économique d'une chaîne qui existe toujours.

Je ne voudrais pas me laisser aller à commenter comme le citoyen que je suis le traitement de l'information par une chaîne en particulier – je pense à CNews, mais aussi à BFM TV, qui, par un malheureux effet d'imitation, a tendance à tomber dans les mêmes travers. Il convient ici de se montrer tout à fait objectif. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des failles dans le respect du principe à valeur constitutionnelle d'honnêteté, d'indépendance et de pluralisme de l'information dans le domaine audiovisuel.

S'agissant du pluralisme, le rapporteur du Conseil d'État a récemment considéré que l'autorité de régulation n'était pas assez intransigeante. Quant à l'honnêteté de l'information, il y aurait aussi beaucoup à dire, de même qu'au sujet de la confusion des genres qui règne sur les plateaux de télévision. Il est en effet impossible de mettre au même niveau des journalistes, c'est-à-dire des professionnels du traitement de l'information et de son éditorialisation, et de supposés experts dont on découvre par après qu'ils servent des intérêts particuliers ou entretiennent des convictions bien établies, dont l'expression est incompatible avec la neutralité qui doit être celle d'un expert. C'est la raison pour laquelle je fus un des premiers, en 2017, à quitter en direct le plateau de Pascal Praud sur CNews, et je ne suis plus revenu sur les plateaux de cette chaîne depuis.

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