Tout ce dont on ne parle pas est d'autant plus cause de stress post-traumatique. Les formations aux premiers secours psychologiques (PSP), qui sont le pendant du PSPO – premiers secours psychologiques en opérations – dans les armées, ont pour but de limiter l'état de stress aigu dans un premier temps, puis l'état de stress post-traumatique.
Je suis convaincu qu'il faut généraliser les unités de secouristes citoyens dans les établissements scolaires – je l'avais proposé à Prisca Thévenot lorsqu'elle était secrétaire d'État chargée de la jeunesse et du service national universel ; elle était venue dans un établissement à Toulouse, en décembre dernier, pour constater l'efficacité de la transmission de jeunes à jeunes.
Cela ne coûte pratiquement rien, si ce n'est la fourniture des outils pédagogiques au départ. Ensuite, les jeunes s'entraînent régulièrement sur leur temps libre et ils se préparent entre eux. Cela crée une vraie effervescence, parce que cela va au-delà du secours : c'est ce que nous appelons le secourisme citoyen. Les élèves, qui viennent de classes et de filières différentes, se parlent, apprennent à se connaître, s'entraident, alors qu'ils ne l'auraient pas fait naturellement. Le harcèlement scolaire est un thème très présent. Depuis quelques années, mes équipes s'interrogent : comment peut-on sauver une vie en cas de harcèlement ? C'est une préoccupation très forte. Nous venons donner des clés, nous essayons de mobiliser des partenaires, et surtout nous mettons en avant l'idée selon laquelle les premiers gestes de secourisme dans ces moments-là consistent à écouter et à tirer la sonnette d'alarme.
La généralisation des unités de secouristes citoyens ne peut pas reposer sur les seules épaules de l'éducation nationale. Il faut créer des synergies avec les autres formes d'accompagnement. Ainsi, les jeunes sapeurs-pompiers peuvent jouer un rôle de référent dans leur établissement scolaire, rôle qui est d'ailleurs prévu dans le code de l'éducation. On peut aussi confier un rôle aux cadets de la sécurité civile.
Outre une contribution aux objectifs de développement durable de l'ONU, cette démarche de santé publique complètement renouvelée apporte des réponses à des problèmes du quotidien tels que l'encombrement des urgences et les difficultés d'accès aux soins. Si les jeunes sont formés, ils seront préparés à se poser des questions avant d'appeler les secours ou de se rendre à l'hôpital. Ce faisant, on diminue la pression sur les services de secours et le système hospitalier. C'est un engrenage vertueux que nous devons mettre en place. Nous le savons, cela fonctionne. Cette solution innovante, qui est une parmi d'autres, mérite d'être expérimentée à plus grande échelle.