Le 18 octobre dernier était publié le rapport de la Banque de France sur la coopération monétaire entre la France et l'Afrique. Je tire plusieurs conclusions de sa lecture. Tout d'abord, l'Afrique a besoin de financements massifs et de créations monétaires. La France doit cesser sa mise sous dépendance de la zone du franc CFA, mais plus encore, elle doit agir sur le plan international, pour changer radicalement les règles d'attribution des droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI).
Au-delà d'une nouvelle distribution des DTS non utilisés par les pays riches, qui s'effectue actuellement au compte-gouttes, une réforme des conditions d'émission des DTS devrait favoriser les critères de lutte contre la pauvreté et le financement à grande échelle de la transition économique et écologique du continent africain. Par ailleurs, les pays africains ont besoin de nouvelles recettes fiscales et nous devrions y consacrer des efforts en cohérence avec la réalisation des objectifs contenus dans le pacte international relatif aux droits économiques et sociaux et culturels, que la France a ratifié.
Il est souvent dit que l'Afrique est notre avenir, mais elle est d'abord l'avenir des Africains. Pourquoi ne pas flécher au moins 10 % de l'aide publique au développement (APD) vers le soutien et le renforcement des systèmes fiscaux de ces pays, pour leur fournir des moyens budgétaires de développement et de financement endogènes ?
Enfin, alors que les pays africains souhaitent recouvrer une souveraineté monétaire, comment expliquer que 81 % des stocks d'or de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest soient toujours détenus par la Banque de France ?