La presse régionale, qu'elle soit quotidienne ou hebdomadaire, est effectivement le deuxième média dans lequel les Français ont le plus confiance, à 61 %, derrière les JT d'information. Cette donnée demeure d'ailleurs constante depuis de nombreuses années. Les Français estiment ainsi qu'il est plus facile de vérifier localement l'information qu'elle diffuse, car celle-ci est une information de proximité. De fait, dans nos enquêtes, les Français déplorent que les médias ne parlent pas assez de leurs préoccupations, des tracas du quotidien, par exemple des difficultés rencontrées auprès des services publics.
La jeunesse se caractérise effectivement par une confiance plus importante à l'égard des réseaux sociaux, mais pour le reste, ses comportements sont assez proches de ceux du reste de la population. Elle est également marquée par une capacité de « décrochage », de zapping d'une information à l'autre, sans avoir forcément le sentiment qu'il soit nécessaire de creuser un sujet. Les jeunes nous disent également qu'ils ne comprennent pas toujours les informations qui leur sont adressées en raison du langage employé, ce qui implique, pour les journalistes mais aussi les acteurs publics, de simplifier leur propos.
Il y a quelques années, nous avions ainsi mené une étude pour savoir si les Français comprenaient d'une manière générale les mots qui étaient utilisés dans les médias en matière économique, comme les notions de « PIB » ou d'« inflation ». Les résultats avaient été particulièrement atterrants. Il existe un décalage entre ce que les Français comprennent de certains sujets parfois un peu techniques, à l'instar des sujets économiques, et la perception des journalistes à ce propos.
Lors de la dernière édition du baromètre La Croix, nous avons posé une question au sujet de la gratuité. Il apparaît clairement que la jeune génération se singularise en la matière, puisqu'elle considère que l'information doit être accessible facilement. Tous âges confondus, les Français répondent à 67 % qu'ils ne sont prêts ni à souscrire à un abonnement ou accéder à un contenu payant, en échange d'une information de meilleure qualité, ni à payer de manière ponctuelle.
Par ailleurs, 59 % des Français considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants des pressions des partis politiques et du pouvoir économique, ce qui rejoint une thématique explorée à de nombreuses reprises il y a plusieurs années déjà par Pierre Carles, notamment dans son film Pas vu pas pris. L'idée d'une collusion et d'une connivence, d'un entre-soi entre les mondes journalistique et politique demeure. Cela rejoint l'idée d'une élite qui serait bien distincte du reste de la population, qui ne s'intéresserait pas à elle, ni ne lui parlerait réellement.
Les médias publics bénéficient systématiquement d'une opinion plus positive que les médias privés, notamment en termes de pluralité d'opinions et de diversité, mais aussi d'innovation et de renouvellement. De plus, 45 % des Français considèrent que l'existence de médias audiovisuels publics est une bonne chose pour l'indépendance de l'information, contre seulement 26 % pour les groupes de presse privés.
Il a également été question d'éducation à l'information et, en parallèle, de la formation des journalistes afin qu'ils comprennent bien les besoins des Français en termes d'information. Nous, sondeurs, sommes très décriés en période électorale, notamment quand nous produisons des enquêtes sur des intentions de vote. Nous avons proposé à plusieurs reprises à des journalistes de venir voir comment nous travaillons, mais également de leur ouvrir nos dossiers pour les former. Malheureusement, nous n'avons pas pu organiser une seule session de formation.
Enfin, en matière de lutte contre la désinformation, nous avons mené des expérimentations intéressantes, notamment en Angleterre et en France. À ce titre, il semble pertinent d'habituer les publics à des alertes concernant le risque de désinformation. De telles actions tendent en effet à améliorer les perceptions et à renforcer le niveau de confiance.