Quinze mois ! Il aura fallu attendre quinze mois pour que cette proposition de loi sénatoriale encadrant l'intervention des cabinets de conseil privés soit inscrite à l'ordre du jour de notre Assemblée. D'ailleurs, je tiens à remercier nos deux collègues sénateurs Éliane Assassi et Arnaud Bazin, qui ont dressé un constat implacable de ce qu'ils nomment, à raison, « un phénomène tentaculaire », à savoir le recours excessif aux cabinets de conseil depuis 2017.
Le nom de McKinsey est certes dans toutes les têtes ; toutefois, il n'est que l'arbre qui cache la jungle. Et c'est peu dire ! Citons des exemples, désormais connus, mais toujours utiles à rappeler : un demi-million d'euros facturé pour préparer un séminaire de réflexion sur l'avenir du métier d'enseignant – séminaire qui n'a jamais eu lieu ; réforme du mode de calcul des APL, pour un coût de 4 millions ; prestation de conseil de gestion des radars routiers, facturée 82 millions. Bref, plus de 2 000 cabinets de conseil privés ont été consultés durant le premier mandat de Macron, sur tout et n'importe quoi, y compris lorsque l'administration disposait des compétences requises en interne.
Même durant l'épidémie de covid, alors que nous étions confinés et inquiets autant pour nous que pour nos proches, il a fallu que Macron dispense ses largesses : plus de 41 millions d'euros ont ainsi été dépensés auprès des cabinets de conseil pour des prestations qui faisaient pourtant partie du cœur même de l'action publique de l'État face à une crise de ce type.