Je vous dois un aveu. En tant qu'amoureux de la nature et soucieux de la biodiversité, lorsque j'ai lu le titre de la proposition de loi, j'étais plutôt convaincu : il était évident que l'on ne pouvait ni importer ni exporter des animaux d'espèces protégées. Mais, en découvrant l'exposé des motifs, en étudiant le texte et en travaillant sur le sujet, on s'aperçoit que les finalités visées sont déjà satisfaites.
Pour le reste, madame la rapporteure, j'ai quelques questions. Si la proposition de loi est adoptée, comment pourrons-nous importer le fonds d'une exposition composé de spécimens d'une espèce protégée, morts naturellement ? Un animal mort ne participe plus, par définition, à la pérennité de son espèce. Connaissez-vous l'Afrique ? Avez-vous conscience que les chasses aux trophées constituent dans de nombreux pays, comme au Cameroun, une source de revenus dans les lieux les plus reculés qui souffrent d'un manque d'infrastructures ? Avez-vous connaissance de la lettre signée par le ministre de l'environnement de la Namibie et quatre-vingt-dix scientifiques, qui alertent la France sur les dangers de l'adoption de la proposition de loi ? Avez-vous interrogé les taxidermistes sur le sujet et connaissez-vous d'ailleurs leur métier, leur passion et leur respect pour les animaux ? Enfin, cette proposition de loi peut être considérée comme une forme d'ingérence étrangère, qui aurait des répercussions importantes sur nos relations avec des pays d'Afrique, sur les plans politique, économique et environnemental.
Cette proposition de loi, c'est l'émotionnel qui prend le pas sur la science. Elle met paradoxalement la biodiversité en danger.