Intervention de Alexia Laroche-Joubert

Réunion du jeudi 25 janvier 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Alexia Laroche-Joubert, présidente de Banijay France :

Je vous remercie d'avoir souligné que le secteur du flux est davantage en risque que celui de la fiction, car, à la différence de ce dernier, il n'est pas protégé. La production de flux est certes moins onéreuse, même si les investissements restent conséquents, et plus rapide que celle de fiction – ce qui explique l'intérêt des chaînes linéaires et des streamers –, mais les négociations avec nos camarades historiques des chaînes linéaires restent difficiles. Le rapport de force est en effet largement en leur faveur puisque, d'une part, les prix de vente n'augmentent pas alors que nous assumons seuls l'inflation, notamment due à l'augmentation des rémunérations des techniciens, dont nous sommes solidaires, et que, d'autre part, nous nous sommes alignés verticalement sur une extension des droits – que ce soit pour l'AVOD ( Advertising video on demand – vidéo à la demande financée par la publicité), la SVOD ( Subscription video on demand – vidéo à la demande par abonnement) ou la FAST ( Free ad supported TV – télévision gratuite financée par la publicité) – sans que cette extension ne soit accompagnée automatiquement de rémunérations complémentaires.

La baisse de nos marges sur les flux est donc très forte avec les chaînes historiques, mais elle l'est également avec les streamers. Leur mode de fonctionnement particulier leur permet en effet de capter l'intégralité des droits. Ils considèrent qu'en relançant la production d'un programme, ils deviennent propriétaires des droits de propriété intellectuelle, à moins qu'il s'agisse de marques qui les ont précédés, comme « Popstars », ou d'un groupe puissant comme le nôtre qui est parvenu à garder ses droits. Toutefois, le cas le plus courant est celui où les streamers captent l'intégralité des droits puisque les producteurs ne sont pas protégés par leurs engagements en faveur de la production indépendante. Dans ce cas, la rémunération est fixe et s'établit au maximum à 10 % du prix de production, avec de nombreuses exclusions. Ce montant est correct mais, pour certaines sociétés, il couvre à peine les frais généraux. Le flux peut ainsi devenir une variable d'ajustement, ce qui arrive par exemple lorsque l'équipe de France est éliminée d'une coupe du monde : les droits sportifs sont tellement élevés que c'est le flux qui paye l'addition afin que la chaîne puisse respecter ses engagements sur la fiction.

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