La question des actifs stratégiques est évidemment cruciale pour les producteurs. Elle a été traitée au cours des deux dernières années par un certain nombre de dispositions, notamment des décrets et des accords interprofessionnels, lesquels ont été conclus avec quasiment tous les diffuseurs – un seul diffuseur hertzien n'a pas conclu d'accord interprofessionnel en matière de production patrimoniale. Il faudra regarder dans les mois qui viennent le résultat auxquels ces mesures conduisent.
Pour ce qui est de la chronologie des médias, nous n'avons pas grand-chose à dire de notre côté. Nous produisons beaucoup de longs-métrages – entre quinze et vingt films par an. La chronologie des médias permet le financement et l'exploitation des films, mais c'est un sujet qui n'est peut-être pas encore complètement réglé, en ce qui concerne les chaînes payantes et les chaînes gratuites.
Pour ce qui est de la création patrimoniale, principalement la fiction, les diffuseurs et les plateformes n'ont aujourd'hui pas d'autre choix que d'essayer d'avoir les meilleurs projets possible. Certains groupes ont eu l'espoir de créer des champions de la production, ce qui paraissait assez logique – et totalement respectueux de la réglementation – puisqu'il y a, dans ce qu'ils diffusent, une part dite dépendante. Je pense, par exemple, à ce que fait Newen en matière de feuilletons, du côté de TF1. Néanmoins, du point de vue de la diversité de l'offre, l'intérêt des groupes n'est pas de faire travailler spécifiquement leur filiale de production, mais de trouver le meilleur projet, qui va marcher le mieux possible. C'est ce qui permet d'avoir un grand nombre de sociétés de production, qui travaillent sur des fictions, des documentaires, etc.
Le paysage s'est structuré suivant un mouvement qui est mondial. Longtemps, seuls les États-Unis considéraient que l'audiovisuel et le cinéma étaient à la fois un art et une industrie ; en France, c'était globalement un artisanat et un art. Mais le système de réglementation français fait que des producteurs indépendants, de différentes tailles, continuent de naître, de grandir et de devenir des groupes ou de se vendre à des groupes. Ce phénomène est favorable à l'ensemble de l'écosystème.
Nous avons besoin, pour notre part, d'un service public doté d'un financement pérenne et qui soit fort, ainsi que d'éditeurs privés forts. Malgré toutes les difficultés qui ont pu exister, notre écosystème, composé de chaînes historiques, de chaînes de la TNT et de producteurs, avance depuis très longtemps de concert, sur un chemin commun. Les plateformes américaines, en revanche, ont leur propre agenda.
S'agissant de l'Arcom, je crois que le système actuel fonctionne très bien. Les décrets et les accords interprofessionnels permettent de trouver un point d'équilibre entre les besoins de chacun, étant entendu que les accords sont intégrés au conventionnement et que les obligations font l'objet de vérifications de la part de l'Arcom. Globalement, le système fonctionne, d'une façon vertueuse.