En tant que producteurs indépendants, nous considérons qu'il faut préserver notre atout en matière de création de valeur : la création d'œuvres et de formats, diffusés sous forme de fictions ou en flux. Il s'agit de notre principal combat face aux diffuseurs. Nous subissons des attaques des plateformes de streaming, qui veulent capter les droits. Nous ne nous battons pas dans l'indifférence des autorités, qui ont protégé par décret les investissements de la production indépendante et dépendante, ce qui confère à la France une place à part.
Les plateformes de streaming tentent de contourner la difficulté. Plus les détenteurs de droits des œuvres seront nombreux à aller chez les Américains, plus l'exception culturelle française et la place des programmes en langue française seront attaquées, ce qui amoindrira notre capacité, en tant que tissu créatif et de production, à exister et à faire rayonner la France à l'international.
Sur la chronologie des médias, des accords ont été conclus. Nous y sommes attentifs, car ils nous permettent de revendre certains de nos programmes. Je laisse les représentants des diffuseurs s'exprimer plus amplement à ce sujet. En la matière, nous sommes surtout spectateurs.
S'agissant de la capacité des nouveaux acteurs à se faire une place sur le marché de la production audiovisuelle, il faut du courage pour créer une société de production. Une consolidation du marché est en cours, qui incite les acteurs de petite taille à chercher une épaule, qui peut être Mediawan ou Banijay. Cela leur donne accès à des catalogues et à de la trésorerie.
La grande évolution des dix dernières années est la forte hausse des dépenses de recherche et développement (R&D). En France, nous dépensons 5,5 millions par an en R&D. Sur trente programmes développés, un ou deux passeront à l'antenne. La perte en ligne est énorme. Être un jeune producteur de flux et de fiction est difficile. Quant à la production de documentaires, elle est en situation d'extrême précarité, a fortiori avec les mouvements récents en faveur d'une réévaluation des salaires. C'est pourquoi nous nous développons et incitons les jeunes et petits producteurs à nous rejoindre.
Les accords avec l'Arcom ont été signés par les diffuseurs et par les producteurs. Ils offrent un cadre, qui nous est opposé mais auxquels nous nous plions. La prise en compte de nos intérêts s'est améliorée.
Il y a un enjeu de distribution. Un producteur qui investit dans le développement d'une œuvre cherche à en conserver les droits et à la distribuer. Pour être un bon distributeur, il faut avoir une vision internationale, donc avoir des bureaux à l'étranger. Notre société Banijay Rights, basée à Londres, emploie quatre-vingt-dix salariés. Nous sommes présents sur tous les continents. Sans cette indépendance de distribution, le film Marie-Antoinette, dans lequel nous avons investi énormément d'argent par le biais de notre société de distribution, aux côtés de Canal+, et que nous avons vendu dans 147 territoires, n'aurait pas été produit.
Nous avons encore des combats à mener. Pour nous, la préservation des droits et de la distribution est essentielle.