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Intervention de Thomas Anargyros

Réunion du jeudi 25 janvier 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Thomas Anargyros, président de Mediawan Studio France, membre du comité exécutif du Groupe Mediawan :

Au sein du groupe Mediawan, je dirige l'entité de production d'œuvres patrimoniales – fictions françaises, coproductions internationales, documentaires, films de cinéma –, Mediawan Studio France. En tant que producteurs, nous ne sommes pas partie prenante au renouvellement des fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Les chaînes de télévision sont nos partenaires et nos clients.

Le groupe Mediawan a été créé en 2015. Il est né de la conviction que nous avions tous les atouts, en France, pour créer un champion européen de la production à dimension mondiale, dans un pays regorgeant de talents, à l'heure où la demande d'œuvres explosait dans le monde entier. Dès le départ, nous avons eu l'ambition de fédérer les meilleurs talents français, puis européens, en leur donnant les moyens et les outils de la création.

Neuf ans plus tard, Mediawan rassemble plus de 1 500 collaborateurs et soixante-dix labels de production dans onze pays – la France, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, l'Allemagne grâce à un partenariat avec Leonine Studios, la Finlande, le Canada, les États-Unis, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Nous avons réussi le pari de construire, depuis la France, l'un des champions du secteur de la production audiovisuelle.

Le groupe est organisé en trois grands métiers : la production de fictions, d'animations, de documentaires, de longs-métrages et de flux ; la distribution, qui est un pilier essentiel pour garantir la maîtrise de nos œuvres ainsi que leur rayonnement, et assurer des revenus que nous réinvestissons dans la création ; l'édition de chaînes thématiques sur le câble et de services de vidéos à la demande (VOD) tels que RTL9, Explore, Manga ou AB1.

Nous sommes fiers d'avoir construit un modèle permettant de faire rayonner et de soutenir la diversité de la production française et européenne, comme le montrent quelques-uns de nos succès : 10 % ; la pépite HPI ; la série Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir, récompensée par le Prix du Personnage préféré ; des films d'auteur tels que ceux de Jeanne Herry et de Quentin Dupieux ; le diptyque Les trois mousquetaires ; les émissions « C à vous » et « C dans l'air », diffusées sur France 5. Nous sommes un groupe à la diversité éditoriale affirmée, qui travaille avec tous les diffuseurs et toutes les plateformes.

Au sein de Mediawan Studio France, mon rôle est de superviser l'activité de production des œuvres patrimoniales. J'ai effectué l'essentiel de ma carrière en tant que producteur indépendant et au sein de groupes. J'ai également travaillé au sein de chaînes de télévision publiques et privées. J'ai présidé, pendant huit ans, l'Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA), qui est le principal syndicat du secteur. À ce titre, j'ai participé à la plupart des négociations le concernant.

Le métier de Mediawan Studio France est avant tout la création. Nous imaginons des œuvres de fiction, des documentaires et des films de cinéma pour les chaînes de télévision et les plateformes. Nous accompagnons les talents créatifs dans leur travail. Nous travaillons avec tous les groupes – TF1, France Télévisions, M6, Canal+ et Arte – ainsi qu'avec toutes les plateformes présentes en France.

Mediawan Studio France rassemble un peu plus de trente sociétés de production. L'an dernier, nous avons produit plus de 130 heures de fictions diffusées en prime time. HPI et Les bracelets rouges pour TF1, 10 % et Les rivières pourpres pour France Télévisions, Les papillons noirs pour Arte et Netflix, De grâce pour Arte et Paramount+, La flamme et le flambeau pour Canal+, Escort Boys pour Amazon Prime Video, Mordor club diffusé prochainement sur M6, de même qu' Anthracite sur Netflix, les sept saisons de Tandem diffusées sur France 3 : ces quelques exemples illustrent la diversité de ce que nous produisons.

Le tissu de la production, en France, est très dynamique, très concurrentiel et très riche. De très petites entreprises (TPE) y côtoient des grands groupes internationaux. La diversité de la création, et la diversité en général, en dépend en partie. Dans un contexte de forte internationalisation, nos concurrents sont des studios français mais aussi américains, européens et britanniques, ainsi que les plateformes américaines.

Pour nous, l'enjeu majeur est la préservation de l'exception culturelle et le maintien d'une réglementation équilibrée. Ce qui fait la spécificité de la France et surtout notre force ainsi que notre rayonnement à l'international, c'est d'avoir su placer la création au centre de la législation et de la régulation de l'audiovisuel. C'est aussi d'avoir su s'adapter aux mutations du secteur, en y intégrant les plateformes, grâce à la transposition de la directive (UE) 2018/1808 du 14 novembre 2018 modifiant la directive 2010/13/UE visant à la coordination de certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la fourniture de services de médias audiovisuels (SMA) dite « directive SMA » dans le cadre du décret du 22 juin 2021 relatif aux services de médias audiovisuels à la demande (SMAD).

En garantissant l'indépendance des producteurs par le biais de la législation et de la régulation du secteur, le législateur a permis son développement – grâce aux obligations d'investissement –, sa liberté et sa richesse de création – grâce au statut de producteur délégué –, son rayonnement à l'international – grâce à la maîtrise des droits – et, plus généralement, l'émergence d'un véritable savoir-faire français.

Dans le cadre de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, la transposition de la directive SMA en droit français a permis de consolider notre secteur, en assurant sa souveraineté culturelle et économique, au cœur de laquelle figure la création. Cela nous préserve en partie – le danger n'est pas écarté – des rachats aux effets délétères auxquels procèdent les plateformes américaines chez nos voisins européens

Dans ce cadre, le renouvellement des fréquences de la TNT, le conventionnement et le contrôle du respect des obligations par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) nous intéresse en tant que producteurs. Pour nous, l'enjeu est de faire en sorte que les diffuseurs en général et les chaînes de la TNT en particulier, qui sont essentiels à la création, continuent d'investir dans la création et de respecter leurs obligations.

Concernant le conventionnement et le respect des obligations, notre principal syndicat, l'Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA), qui représente les producteurs audiovisuels de fictions, de documentaires et de spectacles vivants et souvent d'animation avec le syndicat des producteurs de films d'animation AnimFrance, est chargé de négocier les accords interprofessionnels entre les chaînes et les producteurs dans le cadre des décrets en vigueur. Ces accords sont intégrés au conventionnement ; les obligations sont contrôlées par l'Arcom.

Ces dispositifs existent depuis de nombreuses années. Ils ont fait leurs preuves pour notre secteur. Nous testons l'intégration de nouveaux acteurs conventionnés dans le cadre du décret SMAD. À ce sujet, le rendez-vous de l'année prochaine sera fondamental.

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