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Intervention de Michel Boyon

Réunion du jeudi 25 janvier 2024 à 14h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Michel Boyon, conseiller d'État honoraire, ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel de 2007 à 2013 :

Vous me prêtez, monsieur le président, des qualités que je n'ai pas. Je veux bien admettre que j'ai une certaine expérience, mais les connaissances s'émoussent avec le temps et les dirigeants tournent et changent. Les choses changent d'ailleurs plus dans l'audiovisuel public que dans l'audiovisuel privé, ce qui est aussi un problème. Lorsque je présidais Radio France, le président du service public de la Sarre – institution avec laquelle une réunion annuelle était organisée, dans le contexte sans doute des bons rapports que la France a toujours entretenus avec cette région depuis la guerre –, que je saluais d'un « À l'année prochaine ! », m'a fait observer qu'il ne savait pas, à force de voir valser les présidents de Radio France, si je serais encore là l'année prochaine, tandis que lui y serait encore dans cinq, dix ou quinze ans. C'est un handicap pour l'audiovisuel public. Il n'est certes pas question que la durée des mandats soit illimitée, et ce n'est d'ailleurs pas le cas dans les autres pays, mais du moins la présidence des services publics de télévision en Allemagne, au Royaume-Uni ou ailleurs est-elle plus stable que chez nous.

Je suis néanmoins très fier du service public français, qui a tous les défauts que nous lui connaissons et auxquels les Français, au bistrot ne se privent pas d'ajouter chaque jour de nouveaux éléments – ils ont sûrement raison, et il y a dans la tête de chaque Français une mentalité de directeur de programmes et de président de France Télévisions –, mais qui s'acquitte bien de ses missions, même s'il peut certainement mieux faire dans certains domaines que nous n'éplucherons pas ici.

Il faut toutefois, et c'est fondamental, lui assurer la sérénité financière qu'il n'a plus. On ne s'en rend pas compte, car il a reçu à peu près l'argent dont il avait besoin, mais la part d'incertitude s'accroît. Il faut donc trouver un système, quel qu'il soit, dans lequel le législateur puisse garantir au service public de l'audiovisuel la solidité et la pérennité de ses ressources, faute de quoi tout cela risque, à la longue, de s'étioler.

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