Venons-en désormais au deuxième défi : le défi des ressources humaines. Les difficultés de recrutement et de fidélisation du ministère des Armées dans le domaine de la cyberdéfense sont connues. Toutefois, le ministère des Armées possède de nombreux atouts pour attirer les talents et plusieurs pistes permettraient de mieux recruter, former et fidéliser les agents cyber du ministère.
Tout d'abord, même si cela peut paraître évident, il convient de rappeler que le ministère des Armées est en concurrence avec les secteurs publics et privés dans le cadre du recrutement des talents cyber. De ce fait, les difficultés de recrutement du ministère ne lui sont pas exclusivement imputables. Il est notamment tributaire du manque d'offre de formations dans les établissements d'enseignement supérieur, même si on note ces dernières années un développement accru de ces offres et une ouverture à un panel plus large d'étudiants. J'en veux pour preuve la création par le COMCYBER d'un parcours universitaire entre l'École Polytechnique et l'EPITA dédié à la cyberdéfense. Toutefois, au-delà des seules grandes écoles, il est absolument indispensable que l'offre de formation en matière de cybersécurité et de cyberdéfense soit étendue. Cette mission incombera en premier lieu au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Par ailleurs, les études démontrent que le recours à l'apprentissage est un moyen très efficace pour recruter et fidéliser les agents cyber. Le ministère des Armées est pleinement engagé dans cette voie avec la création d'un BTS à Saint-Cyr l'École et au lycée Naval à Brest. Cette politique doit être renforcée.
Une seconde piste pour améliorer le recrutement et la fidélisation est celle relative au développement des parcours croisés au sein des services de l'État. Si le critère de la rémunération est souvent mis en avant pour justifier les difficultés de recrutement et de fidélisation, l'absence de visibilité sur la carrière joue également. Aujourd'hui, ces parcours croisés restent encore trop peu développés et la concurrence entre les services reste de mise. Ces derniers peuvent également s'effectuer sous la forme d'aller et retour entre les armées et le secteur privé, dans le respect des règles déontologiques qui encadrent ces départs et de l'article 42 de la loi de programmation militaire qui a mis en place un mécanisme pour lutter contre les ingérences étrangères dans le cadre de recrutements.