Les objectifs que vous avez énoncés sont en partie réalisés, quand certains en doutaient fortement il y a quelques années. Sur les plans symboliques et politiques, la Russie a réussi à obtenir des dividendes considérables depuis 2018. Vous avez eu raison de mentionner la côte méditerranéenne : deux des trois partenaires stratégiques de la Russie en Afrique sont en Afrique du Nord : l'Algérie et l'Égypte, qui sont des partenaires économiques majeurs notamment dans la coopération militaire et la vente d'armements. L'ancrage des médias russes transnationaux RT et Sputnik y est significative, avec des millions de visites sur leurs sites arabophones, et dans une moindre mesure francophones, chaque mois.
La présence russe se traduit aussi par l'alliance AES qui vient d'être créée entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso. La Russie essaie de devenir un prestataire d'offre politique, sécuritaire, militaire et informationnel. Force est de constater que ce système fonctionne et s'exporte aujourd'hui. Bien que l'influence américaine y soit beaucoup plus importante que dans d'autres pays sahéliens, le Niger semble tenté par un rapprochement avec la Russie, quand le Burkina Faso est en train de totalement s'orienter vers ce type de coopération.
Cela peut sembler difficile à entendre, mais ce modèle est attractif pour des gouvernements qui sont issus de putschs ou qui défendent un agenda néo-souverainiste. La Russie parvient à s'appuyer sur des phénomènes endogènes, préexistants.