Intervention de Maxime Audinet

Réunion du mercredi 20 décembre 2023 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Maxime Audinet, chercheur à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) :

Il existe effectivement une asymétrie dans la production de récits s'agissant de l'Afrique, puisque la Russie n'a pas été une puissance coloniale sur le continent. Dans sa volonté de créer une nouvelle stratégie nationale d'influence qui passe par la création de récits, la France est naturellement soumise à ce problème. Les paradoxes sont de fait nombreux : si l'invasion de l'Ukraine est à bien des égards une guerre de type néo impériale, voire néocoloniale, elle n'est pas perçue comme telle par les opinions publiques africaines. La guerre en Ukraine y est ainsi vue comme un conflit entre la Russie et l'Occident, soit une vision très mise en avant par la propagande russe.

Ensuite, s'agissant de la question sur la loi immigration, je me permettrai malgré tout une prise de position, notamment au sujet de l'imposition d'une caution aux étudiants étrangers. Travaillant au département d'études slaves de l'université Paris Nanterre, j'ai de nombreux étudiants extracommunautaires qui proviennent justement d'Europe de l'Est et de Russie. À ce titre, il est clair que cette mesure est désastreuse sur le plan de l'attractivité. Elle me semble d'ailleurs très contradictoire avec cette volonté de faire de l'influence une fonction stratégique.

Le soft power fait ainsi partie des stratégies d'influence, lesquelles ne se limitent pas à créer des comptes inauthentiques sur les réseaux sociaux. Le rayonnement est d'ailleurs l'une des principales forces de la France à l'étranger. Entre 4 000 et 7 000 étudiants africains étudient dans les universités russes, soit un nombre bien inférieur à celui que nous connaissons en France et qui prévalait à l'époque soviétique. Cependant, depuis quatre ou cinq ans, nous observons une politique d'augmentation des quotas de la part de l'Agence fédérale qui s'occupe de ce sujet. L'année dernière, pour le seul Mali, 150 places supplémentaires ont ainsi été créées.

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