Je ne me prononcerai pas sur la loi immigration, puisque tel n'est pas mon rôle dans cette enceinte. En revanche, je partage votre constat concernant la désinhibition, que nous ne devons pas reproduire à mon sens : nous devons défendre un modèle, des valeurs, dans des tempos qui peuvent être différents. Nos partenaires ont souvent besoin d'une aide rapide. Lorsque l'on parle avec des familles maliennes dont les membres se font massacrer par des djihadistes d'un côté ou par l'armée de l'autre, elles partagent l'objectif d'une gouvernance démocratique et de valeurs libérales, mais il ne s'agit pas de leurs priorités à court terme.
Ensuite, je partage l'idée que la France ait pu laisser la place. L'Afrique est composée de cinquante-quatre pays, dont les enjeux ne sont pas identiques. Le sujet de la colonisation doit par ailleurs être affiné : la Turquie a colonisé le nord de l'Afrique, mais cet aspect est passé sous silence. De fait, toutes les puissances peuvent être soupçonnées ou accusées de pratiquer des doubles standards.
Pour pouvoir être influent dans une région, il est nécessaire de diminuer ses propres vulnérabilités et d'être attractif, notamment dans le domaine de la coopération universitaire. À ce titre, le sujet des visas est mal vécu par les populations, au jour le jour. De son côté, la Turquie mobilise fortement le levier de la coopération éducative et culturelle et propose à ses partenaires un certain nombre de diplômes et de formations, en finançant des bourses complètes ou des années d'études.