La recomposition de la présence russe en Afrique n'est pas exemple de tensions entre les acteurs russes eux-mêmes. En République centrafricaine, le chef de la branche militaire de Wagner, Vitali Perfilev, fidèle parmi les fidèles d'Evgueni Prigojine, a été évincé. Il a été remplacé par Denis Pavlov dont les enquêtes du collectif All eyes on Wagner ont montré qu'il était un agent du SVR. Des tensions existent également au Mali, où Wagner est très présent. Le Burkina Faso va quant à lui devenir le laboratoire de l'expansion d'une présence officielle et étatique de la Russie. Nous observons donc l'existence de différents modèles de recomposition.
Ensuite, il faut s'attendre à une perte de flexibilité dans la capacité d'action de ces acteurs. Wagner était une entité unique, ni une SMP, ni un acteur étatique. Elle a été créée pour agir de manière beaucoup plus désinhibée que ne peuvent le faire des acteurs bureaucratiques et étatiques, y compris l'armée russe, qui s'est pourtant affranchie de toute une série de principes d'éthique de la guerre en Ukraine.
Cette transition se traduit d'ailleurs dans les hésitations de l'État russe vis-à-vis de l'héritage de Wagner. Dans l'espace informationnel, Moscou s'aperçoit qu'il est peut-être plus intelligent de s'appuyer sur l'écosystème d'acteurs d'influence mis en place depuis des années dans la région plutôt que de tout remplacer du jour au lendemain, en s'appuyant sur des unités du GRU ou du SVR qui disposent d'un savoir-faire et d'une pratique moins importantes dans cette région.