En tant que spécialiste de la Chine, je suis frappé par la capacité de ce pays à imposer un certain nombre de récits, y compris dans nos institutions. Ainsi, vous avez expliqué que les Chinois ne pratiquent pas l'ingérence dans les modèles politiques étrangers et ne demandent aucune contrepartie politique. Or ceci est faux : la Chine impose à tous les États d'Afrique qu'ils ne reconnaissent pas Taïwan. Nos démocraties devraient d'ailleurs le pointer plus souvent. De même, les médias locaux ne peuvent pas parler de tous les sujets qu'ils souhaitent, ils ne peuvent pas évoquer ce qui se passe en Chine si le Parti communiste chinois s'en trouve indisposé. Ils ne peuvent pas parler du Xinjiang, des Ouïghours, des Tibétains.
D'une manière générale, il ne faut pas céder à la tentation d'imiter les Russes ou les Chinois dans leur modèle très agressif utilisant la désinformation. Je pense qu'il faut se déprendre de cette tentation et au contraire essayer de promouvoir des interprétations et des récits qui nous avantagent et qui dévoilent la réalité de l'action de la Chine. Mais il s'agit là d'un travail du quotidien, qui ne pourra être achevé que par petites touches à la manière d'un peintre impressionniste.