Intervention de Lionel Zinsou

Réunion du mercredi 17 janvier 2024 à 10h15
Commission des affaires étrangères

Lionel Zinsou, fondateur et partenaire managérial de SouthBridge, président de la Fondation Terra Nova, administrateur du musée Branly-Jacques Chirac, ancien premier ministre du Bénin (2015-2016) :

Vous avez très bien décrit les bouleversements de l'économie africaine, ainsi que les dynamiques de croissance. L'Afrique a beaucoup changé et constitue un potentiel de croissance très important pour le long terme. Cependant, la France aussi a beaucoup changé. Il ne faut pas rester en arrêt sur image : la France a, dans la mondialisation, fait des choix très européens et beaucoup développé ses positions en Asie, mais relativement moins en Afrique. Elle a changé les entreprises par nature qui participent à l'économie africaine : il fut un temps où c'étaient des entreprises spécialisées dans ce qui faisait l'économie de traite.

Aujourd'hui, la compagnie française de l'Afrique occidentale (CFAO) appartient à Toyota : la CFAO est japonaise. Les vieilles maisons spécialisées ont vendu leurs actifs. Par exemple, la société Maurel & Prom a cédé tous ses actifs et s'est vendue elle-même à Pertamina. Actuellement, les deuxièmes producteurs de pétrole au Gabon sont les Indonésiens de la société nationale Pertamina mais les gens continuent à défiler dans les rues en parlant de TotalEnergies car personne ne connaît Pertamina.

Les gens ne voient pas que la France a changé et, dans sa contribution à la croissance, elle est regardée comme un phare en agronomie, en foresterie et en technologies vertes. Elle a toujours été importante sur le plan agroalimentaire, qui est la première industrie de transformation en Afrique, et est regardée comme essentielle dans l'énergie à travers l'action d'EDF, d'Engie ou de TotalEnergies, ainsi qu'en matière d'énergies renouvelables. De nombreuses initiatives voient le jour dans le domaine de l'hydrogène autour d'Air Liquide et de tout un ensemble d'entreprises, notamment dans le Maghreb arabe. La France est également importante dans la géothermie mais rien de tout cela n'existait il y a vingt ans. De plus, des activités de capital-risque sont soutenues par la France sur le numérique. Dans les télécoms, Orange et Free sont des acteurs tout à fait importants. Au sujet de l'eau, Suez revient en Afrique, tandis que Veolia y est restée : ce sont les deux leaders mondiaux de l'eau.

C'est une France différente de l'imaginaire français ; ce sont des entreprises internationales françaises positionnées sur des secteurs clés pour la transition énergétique et pour faire reculer la faim, ainsi que pour valoriser les matières premières. Je crois que l'APD va vers ce soutien, de même qu'elle apporte un soutien dans le domaine des industries créatives et du sport, des projets assez innovants. Tout cela est complètement nouveau et il ne faut pas rester en arrêt sur image au sujet de l'Afrique.

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