Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mercredi 24 janvier 2024 à 14h00
Discussion d'une proposition de loi — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Je voudrais d'abord exprimer ma fierté et ma joie de voir inscrit à l'ordre du jour un texte consolidant dans notre droit la liberté fondamentale, pour les femmes, de pouvoir avorter, de disposer de son corps et de choisir d'avoir ou non un enfant. Nous la devons à toutes les femmes et à toutes les féministes qui se sont battues depuis un siècle pour changer le cours de l'histoire. Ayons conscience que pour défendre ce droit à l'IVG, il est important qu'il existe dans les faits. C'est pourquoi nous insistons sur l'effectivité et l'égal accès. Aujourd'hui, en effet, la possibilité donnée en droit est entravée dans les faits par des difficultés concrètes, matérielles, liées à des choix de politique publique.

Je pense d'abord aux médicaments administrés lors des IVG qui ont connu, vous ne le savez peut-être pas, des ruptures de stock durant des mois – trois pour Gymiso et deux pour MisoOne. Vous voyez bien le problème : si on a le droit d'avorter mais qu'on ne peut pas prendre la pilule abortive, la responsabilité en revient aux politiques publiques.

Je pense ensuite à un problème concret : le manque de gynécologues. Quand on veut avorter, il faut d'abord trouver la porte d'un gynécologue ouverte. Or la situation est dramatique. En secteur 1, il est très compliqué d'obtenir un rendez-vous, il faut souvent compter plusieurs mois.

Enfin, je pense au carnage du service public, qui manque cruellement de moyens, notamment en matière d'accès aux soins. L'obsession de la rentabilité conduit à la fermeture de centres IVG, car l'IVG n'est pas très rentable. Si le service public dépérit et que le privé ne les pratique pas non plus, vous voyez bien la quadrature du cercle infernale qui se met en place. Au bout du compte, de plus en plus de femmes sont contraintes d'aller avorter à l'étranger ou y renoncent carrément.

Il ne suffira donc pas – je voulais alerter notre assemblée sur ce point – de constitutionnaliser l'IVG, même si c'est un pas historique fondamental. Il faudra se donner les moyens de cette liberté pour toutes partout sur le territoire.

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