L'avortement est intrinsèquement un sujet de femmes : elles peuvent le vivre – ou non – dans leur chair.
Je saluerai d'abord toutes ces femmes qui se sont battues, que ce soit dans la rue ou dans le cadre d'une association, mais aussi tous les professionnels de santé qui accompagnent celles qui avortent.
Je salue également notre mobilisation politique, en particulier depuis 2017, et ce sur tous les bancs. Je pense notamment à Mme Marie-Noëlle Battistel, auteure d'un rapport d'information qui fera date dans notre assemblée.
L'avortement se situe au centre du nœud gordien de la liberté des femmes et de leur émancipation, qu'il s'agisse de l'émancipation de leur corps, de leur sexualité ou de leur fécondité. Les hommes ont voulu exercer sur cette dernière leur pouvoir et leur domination depuis des temps ancestraux. Reconnaître aux femmes le libre usage de leur corps, c'est desserrer ce nœud et faire disparaître les principaux freins et obstacles à l'égalité entre les femmes et les hommes.
Posséder les corps féminins, faire main basse sur leur utérus, s'approprier la fécondité féminine, c'est aussi imposer aux femmes ce qui va avec : les confiner aux rôles de génitrice et de mère, donc à des tâches nourricières et d'entretien, mais également leur confisquer la moindre parcelle de pouvoir politique et économique, voire de savoir. De là, on en vient à nier aux femmes leur dimension de sujets à part entière, aptes à décider de leur sort, à œuvrer pour le bien commun et à contribuer à notre croissance.
Protéger le droit à l'avortement permet donc de garantir aux femmes le pouvoir de disposer d'elles-mêmes et de leur corps, ainsi que de l'usage, procréatif ou non qui peut en être fait. L'inscription de l'avortement dans la Constitution fait donc entrer dans l'histoire l'autonomie des femmes.