Autre doute : aujourd'hui, la liberté de la femme à avoir recours à l'IVG est déjà un principe à valeur constitutionnelle, comme le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie, et ces deux principes ont donc la même valeur au regard de notre Constitution ; or demain, ce texte va y inscrire en toutes lettres l'IVG – je répète que j'y suis favorable –, mais pas le droit de l'enfant à naître. Que dira le juge constitutionnel le jour où il aura à interpréter l'intention du constituant, y compris au regard de ce que celui-ci aura décidé de ne pas faire ? Pourquoi ne pas avoir prévu d'inscrire non seulement la liberté pour la femme de recourir à l'IVG mais aussi le droit de l'enfant à naître dans la Constitution ?
C'est en raison de ces doutes que nous avons toujours besoin d'être rassurés. Car il s'agit bien, chers collègues, de se tenir collectivement à l'écart de deux visions extrêmes présentes au sein de notre société mais aussi, comme l'ont montré malheureusement les deux précédentes interventions, parfois même au sein de notre hémicycle.
Dans le premier cas, le droit de l'enfant à naître prévaut sur la liberté de la femme et, à ce titre, l'IVG devrait être remis en cause ; dans le second cas, la liberté absolue de la femme prévaut sur le droit de l'enfant à naître et alors l'IVG ne peut avoir aucune limite. Je me demande dans quelle mesure ces extrêmes ne se nourrissent pas l'un l'autre.