Juridiquement, la situation est claire ; politiquement, elle l'est aussi malheureusement ! Pour certains, modifier la Constitution serait une mesure symbolique non nécessaire en l'absence de menace pesant sur le droit à l'IVG. Mais c'est lorsqu'on a une majorité pour le faire qu'il convient d'inscrire une liberté dans notre loi fondamentale. Après, il est trop tard !
En second lieu, c'est une erreur que de considérer que la menace est nulle. L'humilité impose de regarder avec lucidité ce qui se passe hors du territoire français et de constater que, partout, les réactionnaires, lorsqu'ils arrivent au pouvoir, portent atteinte à ce droit car il constitue un pilier essentiel de la capacité des femmes à maîtriser leur corps et donc leur destin.
L'arrêt Dobbs rendu par la Cour suprême américaine nous rappelle qu'une tradition juridique bien ancrée peut être modifiée par une minorité très organisée. Au reste, le mouvement ne concerne pas uniquement les États-Unis : au Portugal, les conservateurs ont limité les conditions d'accès à l'IVG ; en Hongrie, ils ont quasiment fait disparaître ce droit et en Pologne, l'IVG a été pratiquement aboli dans les faits. Suppression totale ou partielle, déremboursement, mesures vexatoires comme l'imposition d'un examen psychologique ou d'un délai de réflexion ou l'obligation d'entendre au préalable les battements de cœur du fœtus,…