Intervention de Julien Bayou

Séance en hémicycle du lundi 22 janvier 2024 à 16h00
Rénovation de l'habitat dégradé — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Bayou :

Comment faire des bébés lorsqu'on est privé de logement ? Comment faire des bébés lorsqu'on s'inquiète de ne pas pouvoir payer son loyer ? Comment faire des bébés quand on occupe un logement mal isolé ? Je pose ces questions car, dans ce qui tient lieu de discours de politique générale, le Président de la République a, la semaine dernière, parlé du « réarmement démographique » comme d'une priorité. Il n'a pas, ou à peine, évoqué le logement, alors que celui-ci constitue la première préoccupation des Français et que c'est à lui que le Gouvernement devrait donner la priorité absolue. Pourtant, comme plusieurs l'ont déjà observé, alors que nous sortons d'une vague de froid, le Gouvernement ne comprend pas de ministère dédié au logement.

Si Emmanuel Macron et son gouvernement ne sont pas les seuls responsables de la situation actuelle, n'oublions pas qu'ils sont aux responsabilités depuis 2017 – 2014 même, car Emmanuel Macron était alors ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique. Nous ne pouvons pas ignorer le constat unanime d'une crise conjoncturelle et structurelle du logement. C'est une bombe sociale dont le Gouvernement ne s'occupe pas, dont il ne prend pas la mesure, pire, qu'il aggrave. En attestent la suppression de la garantie universelle des loyers, le caractère facultatif de l'encadrement des loyers, la fragilisation du logement social ou encore la loi visant à protéger les logements contre l'occupation illicite, que nous devons entre autres à M. Kasbarian – un texte qui punit les impayés, pénalise les plus précaires et ouvre même la voie au retour de la prison pour dettes !

En atteste également l'encadrement insuffisant des meublés touristiques : quand nous, parlementaires, parvenons à la faveur d'une maladresse du Gouvernement à supprimer la niche fiscale Airbnb, le Gouvernement se veut rassurant et, reconnaissant son erreur, annonce qu'il n'appliquera pas la loi. J'avertis donc l'hypothétique futur ministre du logement : si vous n'appliquez pas la loi de finances qui prévoit de limiter l'avantage fiscal des propriétaires de meublés touristiques, vous devrez en répondre devant un tribunal administratif, mais également devant un tribunal pénal.

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