Lorsque nous avons réalisé notre enquête avec Tomas Statius, de 2019 à 2021, moins de 300 documents avaient été partiellement déclassifiés en 2013, à la suite d'une décision de justice. Nous avons donc travaillé sur ces documents, tout comme l'a fait l'équipe de l'Inserm que j'ai déjà mentionnée, de manière indépendante.
Désormais, près de 110 000 documents ont été rendus accessibles au public, dans un effort de transparence rarement observé sur ces questions sous la V
Toutes les institutions françaises n'ont pas joué le jeu de la déclassification. Le CEA n'a déclassifié que 400 documents ; la plupart soit portent sur des sujets techniques mineurs, tels que les ballons d'hélium utilisés pour porter les bombes qui ont été déclenchées au-dessus de Moruroa, soit sont datés de la période précédant celle des essais atmosphériques. Seulement quelque 0,5 % des documents rendus publics l'ont été par le CEA et il reste impossible de consulter la majorité de ses archives qui devraient pourtant être accessibles, en particulier celles ayant un lien direct avec les conséquences sanitaires, humaines et environnementales en Polynésie.
C'est également le cas des archives du service de santé des armées (SSA) qui avait contribué à l'analyse de l'impact des essais atmosphériques en Polynésie, en effectuant des mesures sur les populations, en 1966, aux îles Gambier. Le SSA avait également, à l'époque, développé des méthodes de calcul afin d'étudier les doses reçues et il avait formulé des propositions visant à protéger la population. Malgré plusieurs demandes, je n'ai pas réussi à accéder à ces documents.