Vous me posez une question difficile. Les SIAO ont été créés en 2007 afin de centraliser à l'échelle départementale la rencontre entre l'offre et la demande – je schématise. Des associations qui œuvrent dans le secteur de l'hébergement ont été dépossédées de toute marge de manœuvre. Certaines ont eu du mal à l'accepter, en particulier celles qui s'occupent des femmes victimes de violences. Issues du milieu assez militant des années 1970, elles disposaient d'un savoir-faire et elles géraient leurs files d'attente dans cet écosystème militant. Le SIAO les a contraintes à rompre avec leurs habitudes, ce qui a eu les effets délétères que vous avez décrits. Cela étant, en raison du nombre toujours plus important de personnes dans la rue, il aurait été difficile de laisser perdurer un système dans lequel chaque structure gère son public. On ne peut plus se permettre de laisser une place vacante en attendant le candidat qui remplirait les critères de l'orientation. Le SIAO permet de fluidifier le fonctionnement d'un secteur soumis à une tension extrême. Plutôt que de remettre en cause son rôle centralisateur, il faudrait donner plus de latitude aux structures d'hébergement qui veulent mener leur propre projet associatif.
Par ailleurs, il a été annoncé la création de 500 postes dans les SIAO. C'est une mesure que nous attendions tout particulièrement dans ce secteur en tension. Elle permettra de créer des liens entre les institutions et le monde de l'hébergement et du logement, ce qui facilitera l'accompagnement de ceux qui sortent de prison, de maternité ou du cadre de l'Aide sociale à l'enfance. Le travail des personnels, soumis à une forte demande, en sera facilité.
En ce qui concerne la revalorisation des salaires, les écoutants du 115 ont demandé à être inclus dans le Ségur de la santé. Leur demande a été ignorée pendant longtemps, ce qui est inquiétant. Leurs conditions de travail sont difficiles, de par la nature de leur profession car ils sont confrontés à des situations douloureuses, mais aussi de par le sentiment d'avoir perdu le sens de leur métier, à force de répondre inlassablement, chaque jour, aux centaines de personnes qui les sollicitent, qu'ils ne peuvent rien pour eux car ils n'ont plus de place à leur proposer. C'est très frustrant. Revaloriser ces métiers, ce serait faire en sorte que ceux qui les exercent aient les moyens de répondre aux besoins de ceux qui font appel à eux.