Je veux souligner l'importance de ce débat sur le thème des sans-abri, à l'heure où déjà quatre personnes sont mortes dans la rue depuis le début du mois de janvier et où les associations nous alertent sur la dégradation très nette de la situation et leur incapacité à faire face aux besoins, notamment du fait de l'inflation. Le Gouvernement se défend en affirmant qu'il a doublé le nombre de places d'hébergement d'urgence et qu'il a débloqué 120 millions d'euros dans le cadre du plan Grand froid mais les moyens demeurent très insuffisants.
Vous avez évoqué le plan « logement d'abord » : 500 millions d'euros sur cinq ans, est-ce suffisant pour faire face aux besoins ? Par ailleurs, la situation risque de s'aggraver suite aux mesures prises dans le cadre de la loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, notamment le retrait des prestations sociales aux étrangers qui ne travaillent pas. Enfin, la gestion au thermomètre continue et rien n'est fait pour résorber les causes du sans-abrisme, alors qu'on les connaît.
Le sans-abrisme, c'est le résultat de l'absence de suivi des jeunes confiés à la protection de l'enfance, qui deviennent majeurs et se retrouvent livrés à eux-mêmes à 18 ans. C'est aussi celui de la prise en charge très lacunaire des problèmes psychiatriques. C'est encore celui des carences de la politique du logement, qui ne permet pas de stabiliser les familles dans des logements abordables et qui engorge l'hébergement d'urgence, mais aussi de la carence dans l'accueil des migrants. J'ai compris à vous entendre, monsieur le directeur, que leur régularisation les stabiliserait dans notre pays en leur permettant de se loger par eux-mêmes, si les conditions étaient réunies.
Pour beaucoup de nos concitoyens, et peut-être pour le Gouvernement lui-même, le sans-abrisme, on n'y peut rien. Je ne partage pas cet avis. L'abbé Pierre disait d'ailleurs que la misère n'est pas une fatalité. Ma question est donc la suivante : pouvez-vous démontrer à la représentation nationale qu'en menant une politique volontariste en matière de logement, mais aussi de protection de l'enfance, de prise en charge psychiatrique et d'accueil des migrants, on peut lutter efficacement contre le sans-abrisme et atteindre l'objectif de ce « zéro personne à la rue » auquel nous aspirons tous ?