Ce n'est pas un monde de Bisounours : les sommes en jeu sont très importantes ! La concurrence joue, je n'ai pas d'états d'âme là-dessus : si quelqu'un peut faire un croche-patte, il le fait ; c'est normal, je ne le critique pas. Mais il me paraît important que la puissance publique surveille attentivement le fonctionnement de l'autorité de surveillance de l'audiovisuel, aujourd'hui l'Arcom.
Ainsi, le Parlement doit être informé de chaque avenant aux conventions. Je prends un exemple : la chaîne Numéro 23 a été rachetée par NextRadioTV, société d'Alain Weill. Une chaîne désargentée et qui dépensait le minimum minimorum est vendue pour 80 millions à un groupe, un groupe qui n'est pas très puissant mais qui existe. On est en droit de penser que le CSA aurait dû faire plus qu'acter ce passage de mains en mains, qu'il aurait dû être plus exigeant dans les conventions, surtout s'agissant d'un groupe plutôt que d'une personne seule. C'est alors la banque Rothschild qui s'occupe de la transaction : elle décrit aux intéressés la chaîne comme « bénéficiant d'une convention mini-généraliste », une chaîne à très large spectre, sorte de mini-TF1. Ce n'est pas normal ! La convention déterminait au contraire une ligne éditoriale et, lors de la reprise, il aurait été possible de la revoir. Les exigences auraient dû être beaucoup plus fortes, notamment pour que les lignes éditoriales résistent à la pression de la publicité qui veut que vous parliez surtout à la ménagère de 50 ans – je caricature, bien sûr. Cela n'a pas été fait.
Le Parlement doit donc être beaucoup mieux informé. Cela permettrait d'obliger les uns et les autres à s'expliquer publiquement sur les choix qui sont faits, notamment en matière d'évolution des contenus. Bien sûr, c'est un travail énorme, car les fréquences sont très nombreuses, avec de multiples radios notamment ; il faudrait se concentrer sur la TNT.