Cette question est extrêmement intéressante. En réalité, un géo-espace part du flanc atlantique, c'est-à-dire la Mauritanie, et se prolonge jusqu'à Djibouti et la mer Rouge. Au fond, si l'on excepte l'est du Congo, les secousses les plus importantes en Afrique ont lieu le long de ce large couloir, qu'il s'agisse de guerres, de circulation d'armes, de crise environnementale et écologique et de dislocation des populations. Dès lors, nous n'avons finalement pas affaire à des crises nationales ni à des crises sous-régionales, mais à des crises « horizontales ». Par exemple, l'implosion en cours au Soudan n'a pas seulement des conséquences sur le Darfour, mais aussi sur le Tchad, le Niger ou le Mali. Les lignes de continuité, pour les observateurs avertis, sont ainsi tout à fait claires.
Ensuite, l'Éthiopie est en guerre depuis la déchéance de l'empereur Haïlé Sélassié, qu'il s'agisse des guerres pseudo révolutionnaire à l'époque de Mengistu et au lendemain de sa chute, jusqu'à la partition de l'Érythrée, la fédéralisation du pays et les événements qui se déroulent aujourd'hui au Tigré. Parallèlement, ces guerres n'ont pas empêché l'Éthiopie d'être une des économies africaines enregistrant une croissance assez intéressante.
Que vous dire de Djibouti ? J'ai l'impression que Djibouti tourne le dos à cet immense couloir que j'ai essayé de définir rapidement. Dans le cadre de la stratégie Indopacifique, Djibouti pourrait peut-être jouer un rôle, mais je ne sais pas lequel ; c'est à vous de nous le dire.
Cependant, s'agissant des autres bases militaires françaises sur le continent, tout le monde s'accorde à dire qu'il faut réviser la politique de présence militaire française en Afrique. Cette discussion doit être ouverte largement avec les États africains, les armées africaines et les sociétés civiles africaines et françaises, afin d'inventer de nouvelles formes de coopérations militaires qui reposent, une fois de plus, sur une conception élargie de la sécurité humaine.