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Intervention de Achille Mbembe

Réunion du mercredi 15 novembre 2023 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Achille Mbembe, professeur d'histoire et de sciences politiques à l'université du Witwatersrand à Johannesburg et directeur de la Fondation de l'innovation pour la démocratie :

Vous avez absolument raison, mais nous ne disposons pas d'études très fines de ces différentes situations. Il n'est pas exact que l'influence française est en déclin partout en Afrique.

Dans certains pays, une brouille existe effectivement ; raison pour laquelle je recommande de s'attaquer à ces « chiffons rouges » pour trouver une solution.

Mais dans un certain nombre d'autres pays, l'influence française est en hausse en matière économique et de développement des industries culturelles et créatives, comme en Afrique du Sud. Dans un pays comme le Cameroun, pays très jaloux de son indépendance, la critique de la France peut être très forte. Mais dans le champ de la culture et des arts, il en va différemment d'au Mali.

Un grand nombre de chantiers ont été ouverts. Hier soir j'ai dîné à Gorée avec l'ambassadrice de France, qui m'a révélé qu'elle ne disposait que d'une seule base de données sur les actions menées dans un pays comme le Sénégal. Cependant, il ne suffit pas d'avoir ce type d'outils, mais aussi de tisser un récit cohérent autour de ces interventions. Depuis 2017, l'ensemble des réformes qui ont été introduites n'ont pas fait l'objet d'un récit cohérent. Cette absence de mise en cohérence est fondamentalement due, non à la mauvaise volonté, mais à l'affaissement de nos connaissances des évolutions récentes du continent. De fait, nous connaissons de moins en moins les transformations en cours en Afrique. Or nous ne pourrons pas intervenir utilement en Afrique pour nos intérêts et pour les intérêts des Africains si nous maintenons cette espèce d'ignorance, qui, au surplus, s'accroît. En outre, cette ignorance débouche sur l'incapacité à articuler un récit cohérent, palpable et lisible au sujet de ce que nous y faisons. Dans ces conditions, comment s'étonner que les fausses informations prolifèrent ?

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