Votre intervention illustre très bien la complexité du problème. La plupart des régimes politiques africains sont en quête de sécurité, d'abord pour les classes dirigeantes en place, et éventuellement pour les États que ces classes gouvernent. Cette sécurité est à une sécurité « à tout prix », y compris aux dépens de leurs sociétés. En réalité, un immense conflit n'a cessé de s'aggraver entre les États et les sociétés. Le rapport de force a connu des évolutions assez rapides au cours des trente dernières années, mais il est néanmoins à l'avantage des classes dirigeantes, qui sont inamovibles. En effet, le renouvellement des élites âgées au pouvoir en Afrique n'est pas à la mesure de l'évolution démographique de ces sociétés, qui sont de plus en plus jeunes. Il existe donc un décalage formidable entre la demande de sécurité des classes dirigeantes et la demande de sécurité et de protection des populations.
Si la France doit s'engager dans la compétition sur le marché de l'offre de sécurité, elle doit savoir qu'elle se mettra à dos les populations, à plusieurs égards. De son côté, la Russie vend à celui qui veut acheter. Par conséquent, il sera nécessaire de réfléchir davantage au type d'offre de sécurité que la France veut fournir. Cette question n'est pas aisée.