J'ai effectivement remis un rapport au Président de la République, qui comportait treize propositions. Nous avons déjà commencé à travailler sur les deux premières. La première concernait la mise en place d'une fondation de l'innovation pour la démocratie. Cette petite fondation, composé de huit personnes, dispose d'un siège à Johannesburg, de trois laboratoires au Cameroun, en Côte d'Ivoire et à Marseille. L'année prochaine, deux autres laboratoires verront le jour, l'un au Kenya pour l'Afrique orientale et l'autre à Maputo pour l'Afrique lusophone. Dotée d'un petit budget de deux millions d'euros, la fondation intervient dans trois domaines : le domaine de la recherche, parce qu'il faut réarmer la pensée de la démocratie en Afrique ; le domaine de la formation ; et enfin l'appui à des initiatives phares qui existent déjà. L'objectif consiste bien à consolider les sociétés civiles. En effet, l'essentiel de la transformation du continent et de la mise en place des conditions d'un rapport apaisé avec la France dépendent en grande partie de la contribution de cette société civile. La fondation poursuit ainsi une priorité orientée en direction des jeunes et des femmes.
La deuxième proposition concerne la construction à Paris d'une maison des mondes africains. Cette proposition est en cours d'exécution. La mission de préfiguration a remis son rapport et Mme Liz Gomis pilote pour le moment ce projet, qui est absolument important pour la France elle-même, mais aussi pour sa politique des diasporas. Nous indiquions ainsi précédemment qu'une partie de ce que l'on appelle le sentiment anti-français naît d'abord en France, avant d'être « exporté » sur le continent. Cette maison des mondes africains est extrêmement importante, dans la mesure où les deux domaines qui marchent le mieux entre la France et l'Afrique sont l'art et la culture. Ainsi, la France dispose d'un avantage comparatif presque unique par rapport aux États-Unis à l'Allemagne ou à la Chine dans le domaine de la création artistique, intellectuelle et culturelle.
Nous sommes également en train de travailler sur d'autres propositions, comme la mise en place d'un campus nomade et la création en Afrique d'un institut d'études avancées qui se chargerait effectivement de renforcer la coopération scientifique entre la France et le continent. Dans le domaine de cette coopération scientifique et de la recherche, je suis frappé par deux éléments : d'une part, l'effort fourni par un certain nombre d'organismes français en ce moment, comme le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui a révolutionné en quelques années sa politique africaine en mutualisant une grande partie de ses ressources avec les principales universités de recherche africaine ; et d'autre part, la nécessité de redynamiser la recherche africaine dans les institutions françaises. En effet, au cours des cent dernières années, la France a accumulé un immense avantage dans la connaissance des transformations en cours en Afrique dans tous les domaines. Malheureusement, nous sommes en train de perdre cet avantage, parce que nous n'avons pas suffisamment investi ou réinvesti dans la recherche africaniste. Or la politique de la connaissance fera partie effectivement des éléments qu'il faut absolument mettre en place si nous voulons relancer cette relation.