Monsieur Mbembe, nous sommes ravis de vous recevoir ce matin en audition. Bénéficier de l'éclairage d'enseignants-chercheurs sur des sujets complexes s'avère précieux pour éclairer le travail parlementaire, et notamment sur l'évolution du continent africain, qu'il est d'ailleurs illusoire de vouloir traiter d'un seul bloc, tant il est divers et multiforme. Vous noterez que contrairement à ce que vous avez pu écrire dans un passé récent nous aimons le débat et la diversité des analyses, singulièrement au sein de notre groupe Rassemblement national.
Je souhaite vous interroger sur la politique du Président de la République sur le continent africain qui, avouons-le, ressemble de plus en plus à un échec spécifique en Afrique de l'Ouest ou au Sahel. Vous qui écriviez tant craindre la violence, celle-ci semble s'être accélérée ces dernières années dans la région, où la tension est à son comble. Pas moins de six coups d'État ont eu lieu en quatre ans. L'édifice diplomatique et militaire bâti par la France dans le cadre du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme s'est effondré. Les tensions interethniques et interconfessionnelles sont exacerbées et elles ont même été ravivées, hélas, par certaines de nos interventions
À ce titre, lors de l'opération Serval, nos troupes ont dû s'interposer entre l'armée malienne et les populations locales lors de leur entrée dans Kidal pour éviter un massacre. Devant cette commission, le chef d'état-major de l'armée française a appelé à revoir totalement la politique de la France en Afrique. Aussi, nous sommes très intéressés par votre regard sur la perception de la politique de la France dans les pays francophones. Au-delà de nos divergences, votre avis de chercheur nous importe. Selon vous, par quel chemin la France pourra-t-elle renouveler en profondeur et non pas seulement en façade sa politique en Afrique ?