En tant que sociologue, je ne parle pas de qualité intrinsèque car cela renvoie à des conflits d'interprétation, culturels ou sociaux. On peut parler de qualités : il y a différentes façons d'apprécier les choses.
On sait que la qualité ou la diversité augmentent avec la pluralité, la représentativité, la complexité. Trois secteurs assurent l'activité sociale. Le premier, le secteur privé, possède la vertu de l'innovation. Le problème de l'audiovisuel privé en France, c'est qu'il risque moins qu'aux États-Unis, par exemple, parce qu'il entretient d'étroites relations avec le système public. Cette organisation a ses avantages, notamment celui de financer le cinéma, mais elle affaiblit trop largement la prise de risque dans la production de séries télévisées. La réussite des séries américaines est liée non seulement au premier amortissement en Amérique, mais aussi à des prises de risque massives grâce auxquelles elles sont très appréciées, en particulier des jeunes, car elles sont innovantes, par exemple en matière de représentation. On pourrait détailler le processus pour Canal+, TF1 et M6 au cours des vingt-cinq dernières années.
Le deuxième secteur, public, a une mission spécifique. Il est présent sur la TNT et il peut proposer d'autres productions – c'est pourquoi, malgré tout, je déplore la suppression de France Ô. Quant au secteur non marchand, il n'est pas présent sur la TNT.
Il faudrait donc d'abord faire exister ce dernier, puis accroître la qualité des deux premiers en revenant au niveau d'engagement attendu, qu'il s'agisse du risque ou de la spécificité.