Le constat est absolument accablant puisque, dans la synthèse de votre mission « flash », on peut lire qu'en France, notre pays qui est quand même l'un des pays les plus riches du monde, la mortalité infantile augmente. Vous soulignez qu'en trois décennies, la France est tombée du septième au vingt-septième rang mondial. Comment une telle régression est-elle possible ? Comparée à la Suède et la Finlande, la France enregistre 1 200 décès supplémentaires.
Vous mettez en cause, notamment, l'âge moyen de la procréation. Il s'avère pourtant qu'en France, cet âge est inférieur à la moyenne européenne et qu'il est supérieur à la moyenne en Suède. Ce constat ne suffit donc pas pour poser le diagnostic le plus important.
En réalité, il convient d'aller au cœur du problème. Le cœur du problème, vous ne l'avez même pas évoqué dans votre présentation et les bras m'en tombent. Il s'agit en effet de la question des moyens mis à la disposition des services publics pour assurer leur mission. Entre 2000 et 2017, 221 maternités ont fermé et ce sont évidemment les plus petites qui disparaissent. Aujourd'hui, 10 % des maternités françaises sont en situation de fermeture potentielle. Or nous savons qu'un temps de trajet supérieur à 45 minutes double le taux brut de mortalité.
Nous savons également que les lits ne sont plus suffisamment nombreux dans les hôpitaux qui enregistrent également un déficit de personnel. Les problèmes liés aux soins d'obstétrique, d'anesthésie, de pédiatrie, etc., plus généralement l'effondrement du système de soins, conduisent fatalement à une mortalité accrue et notamment la mortalité infantile. Votre rapport le pointe réellement en filigrane, mais ne l'établit pas comme le cœur du problème. Si nous ne déployons pas des moyens pour développer nos services publics, pour que nos hôpitaux fonctionnent correctement et pour que nos maternités ne soient plus fermées, alors dans l'un des pays les plus riches du monde, nous observerons encore des situations où des bébés meurent faute de soins.
Vous évoquez les problématiques liées au tabagisme et à l'obésité. Nous savons qu'ils sont intimement liés aux enjeux de pauvreté. Comment pouvons-nous régler cette situation si vous augmentez l'appauvrissement de la population et les inégalités ?