Je comptais vous interroger sur les ruptures de médicaments en série et sur le grand naufrage de ce secteur, où le nombre de pénuries dans les pharmacies a été multiplié par sept en un mandat du Président de la République malgré les dizaines de millions déversés, mais votre absence de réponse sur un point particulier de l'intervention de notre rapporteur Jérôme Guedj me conduit à changer mon fusil d'épaule.
L'ANSM a été mise en examen en 2022 pour tromperie dans l'affaire du Levothyrox. Jérôme Guedj a cité l'avocat de plus de 3 000 victimes, Me Christophe Lèguevaques : « Dans l'affaire du Levothyrox, quand les premières plaintes sont apparues après le changement de formule, l'agence a fait le dos rond. Elle n'a pas sanctionné Merck qui n'avait rien indiqué sur la boîte de médicaments. Elle a préféré croire l'industriel plutôt que les milliers de malades qui manifestaient leurs troubles. Cette connivence peut s'expliquer parce que des experts dits indépendants, voire des membres de l'agence, avaient été rémunérés par Merck quelques années auparavant. »
Ces victimes, ce sont des femmes – et à mon avis, c'est aussi parce que ce sont des femmes qu'on ne les a pas entendues pendant tout ce temps-là. Je répète donc la question de mon collègue : qu'est-ce que ça fait d'être à la tête d'une agence qui doit protéger les patients et qui se trouve mise en examen pour tromperie ?
Et que faites-vous pour écouter vraiment les patients et les victimes, pour que votre agence soit leur maison, un lieu de démocratie sanitaire ? Cela soulève évidemment la question des rapports avec les industriels – question que vous pose la Cour des comptes lorsqu'elle évoque « des lacunes, notamment dans le domaine de la prévention des conflits d'intérêts dans les instances consultatives de l'ANSM ». Comment pouvez-vous montrer que vous êtes bien la maison des citoyens, des patients et, le cas échéant, des victimes, où vous les écoutez d'où qu'ils viennent et quels qu'ils soient, et non pas la maison des industriels ?