Voilà déjà trois ans, lors de votre nomination à la direction générale de l'ANSM, la France était touchée par de graves ruptures d'approvisionnement en médicaments. Aujourd'hui, nous avons l'impression d'être toujours au même point, voire dans une situation encore plus grave. En 2022, 3 761 signalements de risques de rupture et de ruptures de stocks avaient été constatés par l'ANSM, dont 28,9 % concernaient des médicaments du système cardio-vasculaire, 19,2 % des médicaments du système nerveux et 14,7 % des anti-infectieux.
En 2023, la situation est encore plus critique et la société civile est très préoccupée par ces manques. Permettez-moi de citer quelques titres d'articles récemment parus : « Pénurie de médicaments : pas de solution miracle pour le président de l'ordre des pharmaciens bretons », « Près de 4 000 médicaments en rupture ou en risque de rupture en France », « Rupture de médicaments : Lenny, 13 ans, atteint du syndrome de Noonan, n'a plus le traitement qui doit l'aider à grandir » ou « Pénurie de médicaments, une crise qui perdure, résultat d'une chaîne de causes industrielles et commerciales ».
Le cas de l'amoxicilline est particulièrement inquiétant, ce médicament étant souvent prescrit en cas d'infection bactérienne des voies respiratoires chez les enfants. Le ministre de la santé avait d'ailleurs annoncé une augmentation de 10 % du prix de cet antibiotique pour en favoriser la production et tenter de juguler la pénurie.
Que pouvez-vous donc nous dire à propos de cette pénurie qui n'en finit pas ? Quelles ont été vos actions pour l'enrayer ? Quelles seraient vos actions futures si vous étiez reconduite dans vos fonctions ? À quelles conclusions êtes-vous parvenue ? En un mot, pensez-vous que les Français pourront un jour se rendre à nouveau en pharmacie sans en ressortir les mains vides ?