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Intervention de Louis Boyard

Réunion du mercredi 13 décembre 2023 à 9h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLouis Boyard :

Il n'y a pas meilleur exemple de scandale que la situation dans le domaine des médicaments. En mars 2020, pendant la crise du covid, Emmanuel Macron avait dit : « Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » Quel meilleur exemple y a-t-il de biens qui devraient être exclus des logiques capitalistes que les médicaments ? Pourtant, cette année, 26 millions de Français auront été victimes de la pénurie due à votre marché du médicament. En vingt ans, le nombre de pénuries a été multiplié par vingt. Nous aurions aimé en discuter, mais vous avez recouru à l'article 49, alinéa 3, de la Constitution – pour éviter que les gens achètent trop de médicaments, vous avez augmenté leur prix par 49.3 !

Cette année, 1 600 000 Français ont renoncé à se soigner, faute d'argent. Vous leur répondez « C'est la loi du marché, mon pote, c'est la démocratie, chers compatriotes ! » En effet, les actionnaires des fonds d'investissement nord-américains qui ont délocalisé notre production en Chine ou en Inde ne cherchent qu'à se faire un max de fric sur les médicaments. Ainsi, le BCNU, employé contre les tumeurs du cerveau, qui coûtait avant la pénurie 34 euros les 100 milligrammes, atteint désormais les 1 500 euros : on gagne des dividendes sur la pénurie de médicaments contre les cancers du cerveau ! Certaines entreprises parviennent même à avoir le monopole sur des médicaments, comme Nordic Pharma pour les pilules abortives.

Dernière Total, Sanofi est l'entreprise la plus généreuse avec ses actionnaires. Comment des gens peuvent-ils se faire des dizaines de millions en pleine pénurie de médicaments ? Tout simplement parce que nous vivons dans la start-up nation.

Il existe une alternative évidente : sortir les médicaments de la logique de marché et relocaliser notre production. Il y a trente ans, 80 % des médicaments étaient produits sur lR : sur les 106 projets financés par l'État, seuls 18 concernent une relocalisation ! Il faut sortir de la logique de marché en permettant d'exploiter une innovation sous brevet lorsque l'urgence et l'intérêt général le demandent, et en permettant de commercialiser des médicaments génériques quelle que soit leur date initiale de mise sur le marché. L'ANSM serait évidemment associée à l'élaboration de la liste des besoins en médicaments – nous ne referons pas l'erreur du Gouvernement, qui ne vous a pas associés à l'élaboration de la liste des médicaments stratégiques.

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