Tout d'abord, il convient de préciser une première chose : nous ne sommes pas une fédération, mais une association unique. Il n'y a qu'un conseil d'administration et un président à la Croix-Rouge française, qui assume la responsabilité en tant que tel. La logique de la Croix-Rouge française repose sur une structure d'association unique régie par la loi de 1901, avec une véritable vie associative et des systèmes d'élection au niveau local, remontant ensuite au niveau territorial. L'assemblée générale est composée des représentants de chaque département de France. Cette organisation est inscrite dans un processus totalement intégré dans nos statuts, avec un pilotage réel et une seule vraie responsabilité, qui est la parole de la Croix-Rouge française. Ainsi, une seule politique est mise en œuvre, avec un pilotage logique de mouvement.
En tant que société nationale de la Croix-Rouge en France, nous sommes également en lien avec 192 sociétés nationales dans le monde, portant la question du secours dans les catastrophes naturelles et les événements récents à l'échelle internationale. Un exemple récent est l'intervention au Maroc, où, au-delà des débats politiques, l'intervention de la France en termes d'action humanitaire a été rapide, grâce à notre partenaire, la société nationale sœur du Croissant-Rouge. Nos équipes ont pu intervenir et fournir un accompagnement directement sur le terrain.
Il est essentiel de souligner que nous sommes également dépositaires du centre mondial des premiers secours en France. Les premiers secours demeurent une activité majeure au sein du mouvement Croix-Rouge. Nous avons des réflexions sur l'évolution du secourisme, tant au niveau national, avec les agréments et les normes européennes, qu'au niveau international dans le cadre de la politique internationale. Le centre mondial des premiers secours nous permet de partager notre expertise avec les sociétés nationales sœurs du monde entier.
En tant qu'association de volontaires, je suis moi-même bénévole, tout en exerçant une activité professionnelle. Le volontariat et le bénévolat sont des marqueurs puissants de notre institution, inscrits dans son ADN. À la Croix-Rouge française, il n'y a aucune indemnisation des bénévoles. Le bénévole est celui qui offre son temps et sa compétence par un acte gratuit, motivé par la volonté de faire le bien.
Notre histoire a forgé un niveau d'exigence et de formation très élevé. Lorsque nos équipes de secouristes interviennent, par exemple, dans les Hauts-de-Seine ou à Paris, elles sont en phase avec les exigences du Samu et de l'urgence vitale. Mobilisées par les pompiers de Paris avec des ambulances équipées pour intervenir, nos équipes sont attendues par nos partenaires du Samu et des pompiers de Paris pour procéder à des gestes équivalents.
Certes, l'association investit de manière significative sur le plan budgétaire dans la formation, mais le véritable investissement provient des bénévoles en termes de temps, d'engagement et de parcours. Actuellement, nous sommes dans une phase de plan de relance secours liée aux Jeux olympiques, avec un triple investissement : recrutement via des campagnes autofinancées (26 millions d'euros), formation au PC1 et au PC2 en vue des Jeux, et renouvellement technique du parc, y compris l'évolution des équipements des ambulances.
Avec près de 10 000 secouristes, nous avons pour objectif de croître, mais une réflexion approfondie sur la reconnaissance de l'engagement des bénévoles est cruciale. Le bénévolat dans le secourisme n'est pas une tendance, il représente une exigence élevée. La mise en place de moyens de reconnaissance de l'engagement des bénévoles dans les années à venir est indispensable pour éviter de véritables difficultés. Il ne s'agit pas pour nous d'aborder la question de l'indemnité matérielle, laquelle est davantage associée aux sapeurs-pompiers.
Notre demande porte sur la facilitation de l'engagement en temps et sur la possibilité d'inscrire ce type de bénévolat dans la relation avec les employeurs. Lors des inondations dans le département du Pas-de-Calais, nous avons mobilisé 500 secouristes nécessaires à l'intervention. Ce besoin de mobilisation concerne les préretraités, les retraités qui consacrent leur temps, mais également les actifs qui peuvent être utiles.
Il est nécessaire que notre pays réfléchisse à la manière dont d'autres secteurs, comme celui des incendies, ont pu gérer ces situations. En tant que dirigeant d'un groupe de protection sociale, nous avons mis en place des mesures particulières dans l'entreprise pour soutenir ceux qui étaient sapeurs-pompiers. Ce que nous demandons aujourd'hui s'inscrit dans la lignée des politiques des années 1960 sur les congés cadres jeunesse ou dans d'autres domaines plus largement, tels que la jeunesse ou l'éducation populaire.
La clé réside dans la facilitation de l'engagement en temps et la reconnaissance de la compétence élevée de nos secouristes. Avec les crises de plus en plus présentes, le monde de l'entreprise et les administrations sont des terrains propices à ces passerelles. La simplification des processus, évoquée par mon directeur, est inéluctable. Il est crucial de poser les bases dans la réflexion sur les passerelles entre le monde de la formation des infirmiers, par exemple, et notre secteur du secourisme, en simplifiant les exigences sans compromettre la qualité des interventions.
En conclusion, le capital le plus précieux de notre association est le temps des bénévoles. Mon engagement à la Croix-Rouge française, initié dans les années 1980 en tant que secouriste, est différent de l'engagement actuel des bénévoles. L'acte gratuit et généreux demeure, mais il est essentiel de reconnaître et rééquilibrer le temps donné par les bénévoles par une reconnaissance appropriée de leur engagement. Ces dernières années, nous avons observé une augmentation significative du nombre de bénévoles, en particulier parmi les jeunes, qui s'engagent dans le secourisme et la maraude. Nous formons près de 50 000 personnes au PC1, un élément crucial de notre dynamique de formation.