Nous n'avons, à La Réunion, jamais rencontré de difficultés à recruter des sapeurs-pompiers volontaires, et je n'ignore pas que cette situation est atypique par rapport à celle de l'Hexagone. Je m'étais étonné lors de mon arrivée qu'il n'y ait pas de campagnes de communication pour le recrutement, et on m'avait déconseillé d'en entreprendre par crainte d'être submergé par les demandes. Les demandes d'engagement sont en effet très nombreuses et ne peuvent être toutes satisfaites, nos capacités de formation étant nettement inférieures aux sollicitations. Au-delà de la vocation, il convient également de prendre en considération un facteur social pour expliquer cette singularité. La Réunion est en effet exposée à la pauvreté, et la population est en quête d'activités rémunératrices. J'ajoute que, à l'image de la situation décrite par mon collègue martiniquais, nos difficultés résident dans la mise à niveau de nos infrastructures. La féminisation de nos effectifs est, à cet égard, freinée par l'insuffisance de locaux adaptés, ce qui nous vaut de perdre des vocations féminines.
Nous ne rencontrons donc aucun problème de recrutement de sapeurs-pompiers volontaires à La Réunion, bien au contraire. En revanche, nous éprouvons certaines difficultés de gestion des ressources humaines concernant le corps des officiers. Le nombre d'habitants à La Réunion s'élève à 870 000. Notre SDIS est donc tout proche du seuil de la catégorie A. Pourtant, le taux d'encadrement en officiers atteint à peine 10 %, quand il devrait se situer autour de 20 %. Il s'agit d'un handicap majeur pour le SDIS. Le recrutement des officiers est freiné par un problème de mobilité. En effet, un officier candidat pour une expérience de mobilité en métropole se heurte à l'incertitude quant à la possibilité de revenir plus tard à La Réunion. Il y a donc une grande réticence à la mobilité. Je pense qu'une réflexion doit être menée sur la mobilité des ultramarins, parce que cette réticence à la mobilité peut ensuite les pénaliser dans leur parcours professionnel, étant donné qu'ils ont un défaut d'expérience par rapport à leurs homologues de l'Hexagone.
Par ailleurs, le coût des formations est extrêmement élevé pour le SDIS de La Réunion et l'affecte très fortement, puisque toutes les formations à l'école nationale, ainsi que les transports, sont à sa charge. En outre, les formations dispensées en métropole n'intègrent pas toujours les spécificités du terrain réunionnais, notamment en ce qui concerne les constructions, puisque les exigences de ventilation dans les bâtiments à La Réunion ne sont pas du tout les mêmes que dans l'Hexagone, ce qui entraîne des formes d'incendies radicalement différentes. Ces particularités nuisent à notre capacité de formation. Dans notre outil local de formation, nous ne pouvons former que 60 sapeurs-pompiers professionnels par an et 80 sapeurs-pompiers volontaires, alors que le nombre de candidatures peut s'élever à 300.