En ce qui concerne la gestion du risque courant, il me semble que le fonctionnement de notre SDIS est tout à fait comparable à celui des SDIS de l'Hexagone. Les secours d'urgence à la personne (Suap) représentent environ 90 % de l'activité de notre SDIS et les luttes contre les incendies environ 10 %. En revanche, et à la différence de l'Hexagone, nous pratiquons peu d'interventions dites diverses à La Réunion. La population a pour habitude de faire peu appel aux sapeurs-pompiers pour ce type d'interventions, y compris lors de passages de cyclones, pour lesquels l'organisation spontanée et l'entraide naturelle prévalent.
Une autre particularité de La Réunion est la répartition géographique de sa population, puisque 80 % de la population vit sur 20 % du territoire, en l'occurrence le périmètre de l'île. La topographie de l'île est remarquable par l'abondance des cirques montagneux, dont certains sont totalement inaccessibles par voie routière. L'acheminement des secours n'y est possible que par voie aérienne ou pédestre. Cela pose d'évidentes difficultés, dans la mesure où la sécurité civile de La Réunion ne dispose pas de moyens aériens. Les sauvetages en montagne sont assurés par les pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et le service d'aide médicale urgente (Samu) peut intervenir par hélicoptère. Quant au SDIS, il s'en remet à un accord avec le secteur privé afin de disposer d'une réponse héliportée.
Les feux de forêt représentent bien entendu un risque majeur à La Réunion, où 85 % de la forêt est accessible uniquement par voie aérienne. L'État met à disposition un avion bombardier d'eau durant toute la période la plus favorable aux feux de forêt, ce qui implique un effort de formation important pour initier et entraîner les sapeurs-pompiers au détachement d'intervention héliportée.
Comme je l'indiquais précédemment, les renforts à La Réunion sont systématiquement de dimension nationale. Cela suppose, sur place, d'être aussi résilient que possible en s'appuyant sur des moyens locaux. Dans un certain nombre de domaines, une rupture capacitaire demeure possible, par exemple sur le risque technologique ou le risque chimique. Les sapeurs-pompiers sont des généralistes, mais ils doivent également travailler sur des spécialités. Or, cumuler toutes les spécialités pose des difficultés en termes de ressources humaines et en termes d'équipements. Il convient par conséquent d'ajuster notre réponse opérationnelle à nos ressources. Cet ajustement n'entre pas toujours dans les standards de préconisations imposés par les textes réglementaires.