Le SDIS de la Martinique est un SDIS relevant de la catégorie C, qui comprend les départements de moins de 400 000 habitants. Avec 370 000 habitants en Martinique, nous sommes dans le haut de cette catégorie et notre territoire de 1 200 kilomètres carrés présente une forte densité de population, supérieure à 300 habitants par kilomètre carré. Cette réalité doit être prise en compte dans la gestion du risque courant. Celui-ci est couvert par un effectif de 1 200 sapeurs-pompiers volontaires, 290 sapeurs-pompiers professionnels et une cinquantaine de personnels administratifs et techniques.
Les missions du SDIS de la Martinique sont comparables à celles des SDIS de l'Hexagone et ultramarins. Nous sommes, comme nos collègues réunionnais, exposés à tous les risques du spectre de la sécurité civile. J'y ajouterais même les avalanches puisque, si nous n'avons pas de neige en Martinique, nous sommes confrontés au risque représenté par les lahars, des coulées torrentielles de cendres volcaniques et de blocs rocheux accumulés lors des périodes d'activité de la montagne Pelée. La commune du Prêcheur, sur la côte, est particulièrement concernée par ce phénomène, ce qui a conduit à la mise en place d'un dispositif d'alerte pour ce risque relativement prévisible quelques heures avant sa survenue.
La Martinique est également soumise au risque des tsunamis, aussi bien les tsunamis lointains, à l'image de celui de 1755 consécutif au séisme de Lisbonne, que les tsunamis régionaux provenant de l'intérieur du bassin caribéen, et que les tsunamis proches, notamment ceux dus à la subduction, puisque l'île se situe sur la conjonction de deux plaques tectoniques, la plaque Caraïbe et la plaque Atlantique.
Si ces risques sont bien identifiés, la capacité d'alerter les populations me semble perfectible, notamment en ce qui concerne les risques d'inondations. Une cellule de veille hydrologique a été mise en place à La Réunion, ce qui n'est malheureusement pas encore le cas en Martinique, ni même dans les Antilles. Ce défaut n'est pas sans conséquences en termes d'organisation des secours en situation opérationnelle.
Le SDIS de la Martinique dispose d'un budget de 38 millions d'euros, un montant insuffisant à mon sens, et bénéficie de 6 millions d'euros d'investissements. Si des efforts de la part de la collectivité ont été produits récemment, le budget de notre SDIS se situe dans la moyenne des SDIS de catégorie C, alors que, comme je l'ai indiqué, nous sommes dans la fourchette la plus haute de cette catégorie C. Le retard structurel de notre SDIS n'est pas négligeable, puisque les plus anciens corps en Martinique datent des années 1950, tandis qu'en France métropolitaine, les plus anciens corps remontent au début du XXe siècle, voire plus tôt encore. Après l'entrée en vigueur de la loi du 3 mai 1996 relative aux services d'incendie et de secours, les communes ont mis à disposition des bâtiments qui n'étaient pas suffisamment adaptés à l'organisation d'une caserne. Un programme de construction d'un montant de 150 millions d'euros a été lancé, en construction neuve ou en rénovation, afin de tenter de rattraper ce retard structurel qui a des conséquences pour le fonctionnement quotidien du service.