Madame la ministre, vous avez l'esprit partisan et quelque peu provocateur. Vous nous avez accusés d'inaction, chiffres à l'appui. Au risque de vous déplaire, je rappellerai votre propre bilan. Car l'arrêt de la centrale de Fessenheim, le 30 juin 2020, ce n'est pas nous ; la fin du projet Astrid – réacteur rapide refroidi au sodium à visée industrielle – de quatrième génération nucléaire, en 2019, l'objectif de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production électrique du pays en 2035, la réouverture des centrales à charbon, le 6 février 2022, ce n'est pas nous non plus. Nous n'avons pas de leçon à recevoir.
La COP 28 qui vient de se clore à Dubaï fait pour la première fois référence à une transition « hors » des énergies fossiles. La France y voit un synonyme de sortie, mais est-ce la même chose ? Notre mix énergétique reste encore dominé à 37 % par le pétrole, d'abord pour les transports, et à 21 % par le gaz, surtout pour le logement. Quel volume d'électricité et de chaleur renouvelable nous faudra-t-il pour réussir à se passer de leur usage ? Pouvez-vous préciser l'allusion faite par Emmanuel Macron, la semaine dernière, au lancement de huit réacteurs supplémentaires, en plus des six actuellement prévus au titre du nouveau nucléaire ? Seriez-vous prête à inscrire ces cibles dans la loi de programmation sur l'énergie et le climat ? Surtout, quand celle-ci nous sera-t-elle présentée ?
L'Union européenne n'a pas soutenu l'appel de la France à tripler la production mondiale de nucléaire : comment poursuivre une coopération européenne efficace tant que les intérêts allemands et français continueront de diverger en la matière ? Le gaz a également été au cœur des discussions à Dubaï : comment concilier le statut d'énergie de transition qui lui est accordé et la sortie des énergies fossiles ? Sur quelles alternatives misez-vous pour le remplacer, alors que la France a largement fait appel au gaz naturel liquéfié et au gaz algérien pour parer aux conséquences de la guerre en Ukraine ?
Ayant récemment déposé une proposition de loi, cosignée par Olivier Marleix, Éric Ciotti et les députés du groupe Les Républicains, visant à proscrire le recours au charbon comme source de production d'énergie électrique, je me réjouis que le Gouvernement ait défendu la sortie du charbon à Dubaï. Alors que le Président de la République vient de reporter cet objectif à 2027, comment la France compte-t-elle incarner cette position ? Enfin, les États ont acté, lors de la COP 28, que le nucléaire, l'hydrogène et le captage de carbone étaient des solutions en matière de transition : quelles mesures la France compte-t-elle prendre pour soutenir le progrès technique en matière de transition environnementale ?