Mon intervention a pour objet de montrer que l'AFD est impliquée dans la mise en œuvre des solutions d'adaptation, d'atténuation et de renforcement de la résilience des territoires, des populations, des États et des communautés locales dans les différents contextes d'une Afrique plurielle.
Les besoins de financement du continent africain sont très substantiels. Le Fonds monétaire international les chiffre à plus de 400 milliards de dollars pour la période 2021-2023, en particulier pour faire face aux impacts du changement climatique. Les coûts croissants liés à l'adaptation au changement climatique s'ajoutent à cette estimation, à hauteur de 50 à 80 milliards de dollars par an. L'Agence française de développement – l'un de vos opérateurs principaux en Afrique – consacre, depuis sa création il y a plus de plus de soixante-quinze ans, près de la moitié de ses moyens au continent africain, sous des formes très diverses : prêts, dons, assistance technique, appui aux acteurs publics et privés. La moitié de ces montants, environ 2,5 millions d'euros par an, sont consacrés à la question climatique.
La première de ces actions porte sur l'atténuation. Vous avez vu que l'Afrique n'est responsable que de 7 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Cependant, il est malgré tout nécessaire d'encourager, d'aider et d'appuyer les itinéraires de décarbonation des économies africaines, notamment celles qui sont les plus développées et émettrices mais également celles qui souffrent de gros problèmes d'accès, notamment en matière de transition. Nous menons ainsi de nombreux projets sur les énergies renouvelables, en géothermie, en solaire, en éolien, mais aussi sur l'efficacité énergétique des bâtiments.
Nous conduisons également de nombreux financements d'infrastructures durables et résilientes, par exemple, le train express régional (TER) à Dakar, qui permet une grande économie d'émissions par rapport à des systèmes de véhicules à moteur thermique. Nous finançons en outre les puits de carbone en Afrique, dont les forêts du bassin du Congo – en particulier les mangroves –, mais également le stockage de carbone dans les sols par l'agroécologie. Nous contribuons de façon très engagée, à hauteur de plusieurs centaines de millions d'euros, en Afrique du Sud en particulier et, demain, au Sénégal, aux partenariats pour une transition énergétique juste – Just Energy Transition Partnership ou JETP –, qui vont aider les pays à financer la décarbonation de leur production énergétique, et notamment le moindre recours au charbon.
Par ailleurs, nous sommes très engagés en Afrique sur les solutions d'adaptation, puisque 40 % des financements de l'Agence dans ce domaine y sont consacrés. Les approches portent ici sur les écosystèmes et les territoires, à travers la reforestation, l'agriculture résiliente au changement climatique et la gestion durable de l'eau et de la lutte contre les inondations, notamment dans les quartiers. Un certain nombre d'aménagements sont ainsi menés dans les villes du golfe de Guinée, de même qu'en matière de trait côtier pour protéger les villes, comme Saint-Louis au Sénégal.
Pour réaliser ces actions en adaptation et en atténuation, nous avons développé un certain nombre d'outils spécifiques. Face aux 400 milliards de dollars de besoin, la France ne peut pas agir seule. Nous mettons en commun des moyens et des facilités d'étude pour préparer les pays à ces actions d'atténuation et d'adaptation. Il s'agit en particulier de l'outil AdaptAction, qui permet précisément de financer la préparation de projets, qui sont ensuite pris en charge par la communauté de bailleurs. Nous menons également dans les villes des projets spécifiques bénéfiques pour le climat. Je pense notamment à la facilité Ciclia – Cities and Climate in Africa –, qui nous permet de renforcer la durabilité des villes. Nous proposons en outre une facilité 2050 pour contribuer à dessiner des trajectoires de résilience et de décarbonation, sur les vingt à trente prochaines années. Par ailleurs, nous intégrons de plus en plus la dimension des risques climatiques dans notre appréhension des politiques d'activité bancaire et de prêts bonifiés. En effet, le risque climatique imprime des profils de risque spécifiques.
Ensuite, dans les solutions que nous finançons en Afrique, nous essayons d'intégrer la prise en compte du risque climatique dans l'ensemble des politiques publiques, comme les politiques agricoles, les politiques de l'eau ou d'aménagement du territoire. Nous aidons un certain nombre d'opérateurs dans ces secteurs à progressivement intégrer les scénarii qui nous ont été présentés sur les prochaines années et à adapter progressivement leurs politiques publiques, de manière à être plus résilients sur le long terme et à mieux résister aux chocs climatiques par des mécanismes d'assurance et de couverture budgétaire en cas de catastrophes climatiques. Il peut s'agir, par exemple, de clauses de suspension de mensualités ou de remboursement de la dette, de manière à pouvoir attribuer les budgets publics à la couverture des catastrophes.
Nous menons également une approche scientifique et d'appui technique, avec l'aide de partenaires comme l'IRD, sur des trajectoires de durabilité forte. Nous aidons les pays à modéliser les bons compromis entre les politiques de couverture et d'aménagement du territoire, les politiques énergétiques et les questions démographiques. Ces éléments nécessitent de combiner les meilleurs compromis possible.
Il convient également de souligner que l'Afrique n'est pas seulement un récipiendaire d'aides. L'Afrique se mobilise de façon très puissante sur le changement climatique en ce moment, comme en témoigne le premier Sommet africain du climat qui a eu lieu en septembre 2023 et s'est engagé vers une croissance verte, des emplois verts, les énergies renouvelables de façon extrêmement convaincante. Nous appuyons fortement cette « Afrique solution » qui s'est exprimée à la COP 28, par exemple à travers les paquets forêts, le financement sur les infrastructures résilientes, le « global shield », instrument de bouclier assurantiel pour les pays. Nous menons enfin un travail important sur les zones de conflits et les liens géographiques, notamment dans le Sahel.
En conclusion, le climat et les impacts du changement climatique en Afrique nécessitent de travailler avec l'ensemble de la communauté des bailleurs publics. L'économie africaine, portée par la jeunesse et l'entrepreneuriat, est extrêmement dynamique et sait inventer des solutions. Il faut l'aider.