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Intervention de Jean-Marc Zulesi

Réunion du mardi 12 décembre 2023 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Zulesi, président de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Je me réjouis que nos trois commissions se réunissent aujourd'hui autour de l'avenir du continent africain face aux enjeux climatiques. Il s'agit d'une question dont les implications sont très larges et je tiens à saluer l'initiative du président Thomas Gassilloud, qui a proposé que nous débattions conjointement de ce sujet.

Chers collègues, chacun connaît l'équation : à l'exception de l'Afrique du Sud, productrice de charbon et largement industrialisée, les pays africains sont peu émetteurs de gaz à effet de serre, mais ils subissent de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Par ailleurs, ils ont de grands besoins en énergie et en réseaux électriques. À titre d'exemple, au Sénégal, la ville de Saint-Louis est menacée par une érosion côtière contre laquelle elle s'efforce de lutter avec l'appui, notamment, de l'AFD.

Au Sahel, le désert continue de progresser malgré les efforts de muraille verte. Le Sud de Madagascar subit une sécheresse historique. La pluie n'y est pas tombée depuis trois ans, générant ainsi la première famine climatique de l'histoire et détruisant toute la vie sociale de cette région. Trois enfants sur quatre ont été retirés de leur école, leurs parents n'ayant plus les moyens de les y envoyer. Malheureusement, cet événement passe quasiment inaperçu.

Enfin, l'actualité récente revêt un caractère dramatique. Après deux ans sans pluie, la Corne de l'Afrique vient d'enregistrer des précipitations record, entraînant des inondations et provoquant le déplacement de deux millions de personnes en Somalie et au Nord du Kenya. Si l'accès à l'eau devient un problème très aigu au Maghreb, l'ensemble du continent africain est aujourd'hui touché.

Pour reprendre les mots de Mme Madeleine Diouf Sarr, présidente à la Conférence des parties sur les changements climatiques (COP 28) du groupe des quarante-six pays les moins avancés, il est nécessaire que la communauté internationale agisse en faveur de la justice climatique. Celle-ci a salué l'avancée de cette COP, à savoir l'adoption du fonds « pertes et dommages », mais attend qu'il soit abondé à la hauteur des pertes déjà subies, qui se chiffrent à des milliards de dollars. La question climatique en Afrique ne se résume toutefois pas aux seuls dommages. Les pays africains sont engagés dans un processus ambitieux de développement avec pour certains, comme le Maroc, le Sénégal, le Kenya, ou encore la Mauritanie, de réelles perspectives de progrès économique et social. Or l'accès à l'énergie et le développement de réseaux d'électricité fiables conditionnent l'ensemble du développement de ce continent.

Actuellement, celui-ci recourt aux énergies fossiles, abondantes et à prix abordable mais ne dispose toujours pas de moyens financiers et de l'ingénierie qui lui permettent de passer avec ambition aux énergies renouvelables. Pour la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, l'une des questions du débat de ce jour porte sur les modalités et la méthode par lesquelles le continent africain pourra s'engager vers cette mutation, qui n'a rien d'évidente, qui provoque même parfois des conflits d'usage de dimension géopolitique, comme en témoigne la tension actuelle entre l'Égypte, le Soudan et l'Éthiopie, avec la construction par cette dernière du barrage Renaissance sur le Nil. J'espère que nos invités pourront nous apporter quelques pistes sur l'ensemble de ces sujets.

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