Mes chers collègues, nous continuons cet après-midi notre cycle de travaux sur l'Afrique, avec une audition consacrée à l'avenir du continent africain face à l'enjeu climatique. Nous avons la chance de mener cette audition conjointement avec, d'une part, la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire et, d'autre part, la commission des affaires étrangères. Je tiens donc à remercier les présidents de ces commissions, MM. Jean-Marc Zulesi et Jean-Louis Bourlanges d'avoir accepté cette audition conjointe.
Je me réjouis de ces échanges qui seront nourris par les points de vue et expertises des uns et des autres. La commission de la défense s'intéresse bien entendu en priorité aux impacts sécuritaires du dérèglement climatique, notamment en Afrique, mais il est toujours plus efficace de traiter les causes davantage que les conséquences. Contrairement à une idée reçue, les armées apportent leur part dans la lutte contre le dérèglement climatique, en essayant de veiller à la réduction de leur empreinte écologique. Je tiens à vous signaler que sous la précédente législature, nos collègues Jean-Marie Fiévet et Isabelle Santiago ont rédigé sur ce sujet un excellent rapport d'information (rapport n° 4145 en date du 5 mai 2021). Par ailleurs, pour les armées, la préoccupation écologique rejoint souvent une préoccupation opérationnelle d'efficacité et de furtivité.
Les conséquences du dérèglement climatique ont bien entendu des effets concrets, et notamment en Afrique qui les subit au premier chef, alors que ce continent contribue de manière marginale aux émissions de gaz à effet de serre. Les manifestations des bouleversements climatiques en Afrique sont violentes : hausse des températures, sécheresses, migrations climatiques, érosion des côtes, risque d'affaiblissement des sols et inondations.
Dans le dernier numéro de la Revue de défense nationale, le major général des armées, l'amiral Vandier, relevait que ces bouleversements, d'ampleur croissante, affectent la sécurité humaine dans leur acceptation globale, c'est-à-dire alimentaire, sanitaire, économique, environnementale, politique et, par conséquent, sécuritaire. Je vous invite également tous à lire le petit livret qui a été édité par l'état-major des armées, « Changement climatique, quels enjeux stratégiques pour les armées ? ».
Quoi qu'il en soit, ce dérèglement climatique exacerbe le développement et l'amplification des menaces, comme nous pouvons le voir au Sahel ou dans la Corne de l'Afrique, où les groupes armés terroristes prospèrent. Pour débattre avec nous de cette thématique, nous avons le plaisir d'accueillir trois experts et chercheurs, que je remercie pour leur présence et leur disponibilité.
Monsieur Gilles Pecassou, vous êtes directeur délégué de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), qui défend un modèle original de partenariat scientifique équitable avec les pays du Sud, une science interdisciplinaire et citoyenne, engagée pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Vous nous exposerez la réalité et les enjeux du changement climatique en Afrique. Nous saluons également la présence parmi nous de la présidente directrice générale de l'IRD, Mme Valérie Verdier.
Madame Angélique Palle, vous êtes chercheuse associée à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) et vous avez rejoint en 2023 l'Institut national du service public (INSP). Vos travaux portent sur la gestion des crises environnementales et vous avez co-fondé à l'IRSEM un cursus de recherche sur la sécurité climatique. Vous nous exposerez, si vous le souhaitez, la manière dont les crises climatiques peuvent être source de conflictualité en Afrique.
Monsieur Gilles Kleitz, vous êtes directeur exécutif du développement durable de l'Agence française du développement (AFD). Vous nous ferez part de l'action de la France pour aider les pays africains à résoudre les problèmes que suscitent les dérèglements climatiques.