Tout en saluant le président du Conseil d'orientation des infrastructures (COI) David Valence, je tiens à vous dire le plaisir qui est le mien d'être parmi vous. Je vous brosserai d'abord un rapide portrait de moi : j'ai 60 ans, trois enfants et je suis originaire de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais – je salue également Aymeric Caron, lui aussi boulonnais. J'ai été élu pour la première fois comme adjoint au maire à Épernay, dans la Marne, il y a vingt-huit ans. J'ai ensuite été maire de cette ville pendant vingt-deux ans. Je suis l'actuel président de la communauté d'agglomération Épernay, Coteaux et Plaine de Champagne. Suite à la démission de Jean Rottner, intervenue en fin d'année dernière, je suis devenu président de la région Grand Est, depuis le 13 janvier dernier.
À travers les différents mandats que j'ai exercés, j'ai pu mesurer combien les mobilités sont essentielles. Tout d'abord, pour la vie quotidienne de nos concitoyens : dès lors qu'on travaille de plus en plus loin de chez soi, les transports deviennent indispensables. Malheureusement, ils coûtent de plus en plus cher du fait des évolutions récentes du coût de l'énergie. La qualité de vie de nos concitoyens est donc étroitement liée à la question des infrastructures.
Les infrastructures conditionnent très largement le développement économique. Le déploiement du TGV a ainsi entraîné l'essor d'un certain nombre de villes et de métropoles, mais aussi – on l'a moins souligné – un déclin des infrastructures dans d'autres parties du territoire. Les financements massifs octroyés au TGV se sont traduits, pour les territoires ruraux et les villes moyennes, par la fonte comme neige au soleil du nombre de dessertes de train. Ce qui a fait le bonheur des uns a fait le malheur des autres.
Outre que ces questions sont étroitement liées à l'aménagement du territoire, on sait que notre trajectoire de neutralité carbone passe par la décarbonation de nos transports. Cela ne signifie pas l'arrêt des routes ; celles-ci vont évoluer, avec un trafic décarboné. Reste que nous avons un retard d'une quarantaine d'années à combler en matière d'infrastructures de transport. Nous devons changer complètement de trajectoire. Je me réjouis que le ferroviaire revienne au goût du jour, tout comme le transport fluvial et les mobilités actives, très répandues dans certains pays voisins et manifestement sous-développées dans le nôtre, hormis dans quelques villes – Strasbourg a été l'une des premières à miser sur les mobilités actives.
Pour toutes ces raisons, la proposition du Président de la République m'a touché. J'ai toujours été impliqué dans ces questions et je préside l'une des régions qui a investi massivement dans le développement des transports, à travers non seulement les Serm, mais aussi la reconquête des lignes de desserte fine des territoires et le développement de plans vélo. Nous considérons la décarbonation de nos modes de transport comme essentielle. J'aborde ainsi cette audition avec le plus grand intérêt et en toute humilité, puisque je n'ai pas encore fait mes preuves. Mais je suis aussi très ambitieux pour ce projet collectif d'évolution de nos infrastructures de transport, qui emporte avec lui la réussite de la trajectoire française en matière de neutralité carbone, mais également l'avenir de nos territoires et de nos concitoyens.