La période que nous venons de traverser a démontré à quel point le libéralisme dans le secteur de l'énergie n'a pas permis de faire face à l'explosion des prix, à la spéculation, à la concurrence déloyale, à la menace de délestage, au manque de main-d'œuvre, aux besoins d'investissements. Le glas a sonné pour cette libéralisation.
Vous avez augmenté la part de l'État à 100 % du capital d'EDF ; vous trouvez une utilité aux tarifs réglementés ; vous relancez, bien que tardivement, la filière nucléaire. « Tout va très bien, madame la marquise », pourrait-on dire. Pourtant, le député de Penly que je suis reste inquiet.
Je salue l'énergie que vous avez déployée pour trouver un accord à l'échelle européenne. Mais si la reine est morte, le marché reste roi. Vous donnez les moyens à EDF d'investir sur les carénages et sur le nucléaire du futur – bien que vous ne nous répondiez guère sur les réseaux –, mais le marché continue de s'emparer du secteur de l'énergie. Je n'ai toujours pas compris comment fonctionnerait votre mécanisme de redistribution en cas de prix favorables à EDF, ni comment les prix seraient stabilisés. Bruno Le Maire, qui nous annonce des hausses de tarif de 10 % à 20 % en septembre, les exclut en novembre : que croire ?
Je crains également qu'après avoir libéralisé la demande en créant une concurrence artificielle sur la fourniture énergétique, vous n'ayez pas renoncé à libéraliser la production. Vous avez récemment déclaré dans Le Monde que « le système énergétique doit être reconstruit en changeant de philosophie. Il était jusqu'à présent très centralisé autour de quelques centaines de sites de production et de quelques grandes entreprises qui les pilotent ; à l'avenir, des dizaines de milliers de sites seront à la fois producteurs et consommateurs ». Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? S'agit-il d'appliquer au nucléaire l'anarchie qui a démontré son inefficacité sur les énergies renouvelables ?
Avec les Marcheurs, c'est comme avec Bigflo et Oli : ça va trop vite ; il faut accélérer et simplifier sans cesse. Ne confondons pas vitesse et précipitation ! Je suis un défenseur du nucléaire, mais d'un nucléaire transparent, démocratique, sûr. Or rien ne prouve qu'avec la vitesse, votre réforme nous garantira tout cela.