L'objet de cette audition m'étonne et le mépris affiché envers les parlementaires me met en colère.
Je suis surprise des tergiversations autour de la stratégie nationale « énergie-climat » ou de la LPEC. Certains parmi nous ont contribué au groupe de travail et nous n'avons reçu aucune information sur le calendrier parlementaire. Au regard des enjeux énergétiques et climatiques, ces travaux devraient constituer une priorité absolue pour le Gouvernement – il n'en est rien. La consultation ouverte le 22 novembre dernier sur la politique énergétique française concerne en réalité l'adaptation française aux obligations européennes. De plus, elle ne durera que trois semaines. Pensez-vous sérieusement que cette durée suffira pour concerter correctement une feuille de route énergétique et climatique pour la France ? Allez-vous étendre cette consultation à un processus démocratique ou s'agit-il d'une manière de nous mettre devant le fait accompli, comme sur de nombreux sujets ?
Un projet de loi sur la production énergétique devrait compléter la consultation. Là aussi, surprise : depuis des mois, nous vous interpellons sur le calendrier et sur une loi de programmation sur l'énergie et le climat, qui aurait déjà dû faire l'objet d'un débat parlementaire. Vous brandissez maintenant une loi de souveraineté ou de production énergétique – on ne sait. Mais où traite-t-on du climat ? Où traite-t-on de la sobriété et de l'efficacité énergétiques ? Comment peut-on faire l'impasse sur les enjeux climatiques ?
S'agissant de la sûreté du nucléaire, le président de l'ASN a été auditionné par la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire et par celle des affaires économiques, mais nous n'avons pas eu la chance de vous entendre sur le sujet. J'entends que vous ne voulez pas prendre le risque que le photovoltaïque n'atteigne pas ses objectifs, mais la prolongation des centrales et la construction de nouveaux EPR ne vous posent pas de problème : il faut foncer, quitte à brader la sûreté du nucléaire.
En matière de rénovation, vous avez fait des annonces, mais les crédits ne sont pas à la hauteur des objectifs. Si cela signifie que vous donneriez la priorité, de manière structurelle, à la réduction de notre consommation, c'est inquiétant.
La réforme du marché de l'électricité européen, qui agit très directement sur les factures des Françaises et des Français, présente des motifs de satisfaction, mais aussi des points extrêmement négatifs, à commencer par les manigances de la France concernant le nucléaire. J'y reviendrai dans une question complémentaire.