Après six ans de revirements et de contradictions, les Français nous en sont témoins, il nous est toujours impossible de comprendre le sens de votre politique énergétique. Alors qu'EDF accuse une dette de 64,5 milliards d'euros et que les factures d'électricité des Français ne cessent de s'alourdir, notre pays a plus que jamais besoin d'une ligne claire.
Inutile de rappeler les avantages précieux et uniques au monde de notre modèle de production électrique, la fameuse complémentarité de l'hydraulique et du nucléaire. Elle aurait dû suffire à nos besoins si, depuis quinze ans, vos prédécesseurs et vous n'aviez pas saboté la filière nucléaire. L'état de l'hydraulique nous inquiète tout autant aujourd'hui : elle ne saurait être bradée sous couvert d'ouverture à la concurrence.
En sous-investissant, en programmant la diminution drastique de la part du nucléaire et en fermant la centrale de Fessenheim, vous avez fait preuve d'une naïveté confondante – j'ose croire qu'il ne s'agit que de naïveté –, partagée d'ailleurs par nos collègues insoumis ou écologistes qui n'en guériront probablement jamais.
Dans la lignée des gouvernements qui se succèdent depuis vingt ans, vous avez laissé attaquer le nucléaire français par des pays où la production d'électricité est plus chère, mais surtout nettement plus polluante, comme l'Allemagne. Dans l'illusion de créer une concurrence, l'Arenh a contribué massivement à déstabiliser notre producteur historique – même Bruno Le Maire en convient aujourd'hui. Cependant, malgré sa nocivité, vous n'avez jamais voulu remettre en question ce dogme, alors que vous en auriez eu l'occasion depuis six ans.
En parallèle, vous avez encouragé et subventionné le développement hasardeux de l'éolien et du solaire alors même que ces énergies intermittentes nous rendent dépendants des centrales à gaz et à charbon.
Nous sommes à l'aube d'un défi industriel titanesque : la relance du nucléaire dans notre pays. Vous vous prévalez d'un nouvel accord sur les prix de l'électricité, dont les effets positifs pour les particuliers et les entreprises sont encore douteux, mais aussi de la reconnaissance par Bruxelles du nucléaire comme industrie verte. C'est bien, mais le chemin à parcourir reste très long.
Vous nous présentez aujourd'hui la fusion de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Bien réalisée, elle pourrait certes s'avérer utile mais, là encore, n'est-ce pas dérisoire au regard des quatorze réacteurs à construire ? Comment va-t-on les faire ? Alors que deux amendements devaient suffire à entériner cette fusion, le projet de loi contient maintenant dix-huit articles. Comment l'expliquez-vous ? Ne s'agit-il pas ici d'un énième coup de com' entre deux projets éoliens ?
En matière de ressources humaines, d'investissement et de logistique, la relance du nucléaire exige une mobilisation inédite et doit faire l'objet d'un consensus dans votre gouvernement et votre majorité. Pouvez-vous nous assurer que le nucléaire constitue bien, devant les énergies renouvelables, une priorité pour le Gouvernement ?