Le fret ferroviaire pour les matières nucléaires, ce sont cinquante ans d'activité de transports mutualisés multi-lots et multi-clients. Il est incontournable pour nombre de matières, en particulier pour les combustibles usés issus des centrales d'EDF, en raison des distances, qui peuvent atteindre 700 kilomètres, et du poids des colis, qui peuvent peser entre 120 et 130 tonnes. Le fret ferroviaire est également très important pour l'interconnexion entre les usines du cycle, les ports et tous nos clients européens, puisque les flux sont très internationaux. Le ferroviaire joue un grand rôle dans la sécurisation de ces transports.
Un aspect très important pour Orano, et dont je suis certain qu'il l'est aussi pour EDF, est la décarbonation de nos transports. La solution du fret ferroviaire est à cet égard essentielle, outre qu'elle assure un plus haut niveau de sécurité compte tenu de la densité du réseau routier français, très supérieure à celle du réseau ferroviaire.
Notre exposé liminaire suivra quatre axes. Le premier consistera en un rappel très rapide des étapes du cycle du combustible nucléaire. Nous rappellerons ensuite le contexte des transports de matières radioactives en France, puis ferons un zoom particulier sur les combustibles usés d'EDF, et nous conclurons en évoquant l'importance du ferroviaire pour les transports internationaux et les développements futurs liés au développement du nucléaire.
Le groupe Orano réalise plus de 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploie 17 000 collaborateurs dans le monde. Mme Boutteau et moi-même appartenons à la société Orano NPS – emballages nucléaires et services –, qui regroupe au niveau mondial 1 000 collaborateurs, dont 600 en France sur trois sites et est l'un des leaders mondiaux du transport de matières radioactives, de la mine jusqu'aux déchets.
Dans le cycle du combustible, qui est le cœur des métiers d'Orano, la première étape est celle de l'extraction de l'uranium dans des mines situées principalement au Canada, ainsi qu'au Kazakhstan et au Niger. Des projets d'exploration minière sont également entrepris en Mongolie et en Ouzbékistan. Après l'extraction interviennent deux phases de conversion, qui permettent de passer de l'uranium naturel à l'oxyde d'uranium U3O8 sous une phase gazeuse, lequel est ensuite enrichi sur le site du Tricastin, étape qui permet de concentrer la teneur fissile de cet uranium, lequel passe ensuite à nouveau par une phase solide et est mis dans des crayons de combustible. La compétence de la fabrication du combustible appartient désormais à Framatome, dans son usine de Romans-sur-Isère.
Les combustibles sont ensuite chargés dans les centrales nucléaires d'EDF. Après les phases d'irradiation, ils sont dits « usés ». La France comme d'autres pays, dont le Japon, s'est donné comme objectif de tendre vers la fermeture du cycle du combustible, dont la première étape est le mono-recyclage : après une phase de traitement de ces combustibles usés à l'usine de La Hague, dans le Nord Cotentin, trois flux se dégagent.
Le plutonium, tout d'abord, qui représente 1 % du combustible usé retraité est envoyé à l'usine d'Orano Melox, près d'Avignon, pour refabriquer des combustibles qui seront à nouveau chargés dans les réacteurs d'EDF ou de nos clients étrangers.
L'uranium de retraitement, ensuite, qui représente encore de 95 % à 96 % du combustible usé retraité, est également reconverti, réenrichi et recyclé dans les centrales d'EDF et chez nos clients à l'étranger.
Le reliquat, de l'ordre de 3 % ou 4 % du combustible usé, constitue des déchets composés de produits de fission, vitrifiés à l'usine de La Hague et entreposés en attendant l'ouverture du stockage définitif qui est l'objet du projet Cigéo. Par ailleurs, les pièces métalliques contaminées sont compactées et entreposées avant d'être envoyées elles aussi vers le futur centre de stockage du projet Cigéo.